Un ami me confiait sa terreur et sa haine des écologistes voulant radicalement interdire les activités très polluantes. Cet ami avait donc peur qu’autrui l’empêche de nager dans son confort matérialiste pollueur.
Quelques minutes après, sans faire le lien entre les deux sujets, il m’évoquait son espoir qu’un régime militaire se mette en place, pour achever « notre pseudo‑démocratie corrompue ».
J’observe que ce dont il avait peur de la part des écologistes était ce qu’il voulait imposer au monde : de l’autoritarisme.

La phrase « on est sali par les sales » est l’une des rares certitudes que j’ai pu vérifier tout au long de ma vie.

Au contraire, quelqu’un qui regarderait en face et transcenderait son rapport contradictoire à la dictature, serait en mesure d’émettre des vœux davantage pondérés.

Cet exemple illustre aussi le succès de l’extrême droite qui promeut ses projets dictatoriaux grâce à la stagnation dans la peur xénophobe et dans l’ignorance de ce qu’une saine spiritualité, une saine approche psychologique pourraient apporter d’harmonieux.

Ne pas s’épuiser en manifestations contre une guerre ordonnée par des dirigeants, sans interroger nos caprices : les laissons-nous malmener notre propre corps ?
Notre corps est ici l’équivalent de notre territoire, et les caprices sont ici l’équivalent de dirigeants fous.

Qu’est-ce qui nous dérange le plus, le fait même qu’un chef nous régisse, ou que ce ne soient pas nos croyances qui l’aient emporté ?

Ne pas espérer nous dresser contre une autorité abusive, si nous n’avons pas bien observé notre désir (± secret) d’être sauvé.e, ou le rêve de rencontrer « le/la prince charmant », ou l’envie (difficilement avouable au sein d’une organisation anticapitaliste) de prendre la place des « riches ».
Explications :
le désir d’être sauvé appelle les « sauveurs », lesquels sont potentiellement nos futurs « bourreaux », ce bourreau peut même être nous (citoyen a priori bien pensant, solidaire, anti capitaliste…)…

Le prince charmant (ou la princesse) sont les archétypes du sauveur (d’une vie célibataire ennuyeuse) et du dirigeant non élu.
Si on n’est pas capable de ne pas laisser notre libido infantile nous faire aimer des oligarques, alors à quoi bon rêver d’un monde meilleur ?

cf. le chapitre sur le capitalisme, plus bas.

Nous pourrions nous demander :

  • Qui prend en charge les décisions de nos vies ?
  • Notre entourage, nous-mêmes ?
    Ce nous-mêmes est-il attentif ou distrait la plupart du temps, que se passe‑t-il vraiment tout au long de la journée ?
  • Est-ce que nous entretenons des croyances en la fatalité ; ou
    est-ce que nous réalisons réellement des choix ?

Se libérer de l’oppression ?

Pour sortir durablement d’un paradigme, quel qu’il soit, probablement faut-il dépasser les états d’esprit qui l’ont engendré et le maintiennent.

Je constate un goût répandu pour les jeux de domination −y compris parmi une population subissant une domination

Par exemple on peut à la fois être opprimé par une ambiance discriminante à notre encontre, et être soi-même un oppresseur envers une autre minorité que la sienne.

Ou encore, une population peut être opprimée militairement, et s’opprimer elle-même idéologiquement (de par ses croyances superstitieuses)..

En 1789, nous sommes sortis de l’emprise d’une noblesse ; cela a‑t-il mis fin au phénomène de domination ? Non.

Au delà de cette date historique, l’humanité a nourri une longue Histoire de conquêtes. Les causes, au plus profond de notre état d’esprit, sont à transmuter.

Sommes-nous déjà capables de vivre en harmonie avec notre entourage ? Sinon, comment imaginons-nous cohabiter pacifiquement à l’échelle d’un pays autrement que sous la direction d’un organisme coercitif autoritaire ?

Dans un régime politique dans lequel le pouvoir est centralisé, l’ego des dirigeants compte beaucoup.
Lorsqu’on laisse les pires personnes nous diriger en tant que peuple, c’est probablement d’une manière similaire à celle avec laquelle, on laisse nos pires pensées nous diriger en tant qu’individu.

Un.e chef et un système détestés sont l’occasion d’observer nos propres envies d’emprise sur autrui, quelle que soit l’échelle (cour de récréation, association, syndicat, entreprise, armée, politique, autorité parentale…)

  • Croit‑on en un Dieu que l’on se représente tyrannique ?
  • Est‑ce que l’on hait les gens que l’on estime moins méritants que nous ?

La #répression est violente ?

La répression du gouvernement est violente ; est-elle à l’image de quelque chose de similaire en nous ?
Est‑ce que nous agressons notre corps nous-mêmes, par notre style de vie ; savons-nous nous « bien‑traiter » ?

  • Est‑ce que notre instinct agressif/défensif a le dernier mot dans nos vies ; aimons-nous lutter et gagner coûte que coûte ?
  • Censurons-nous nos émotions ; sommes-nous animé d’une harmonie intérieure, ou d’un faux calme ?

Notre système immunitaire réagit-il excessivement (voire crée‑t-il des maladies auto‑immunes) ; les CRS reçoivent-ils des ordres comme s’ils étaient le système immunitaire du pays ; les manifestants sont-ils perçus comme un virus étranger à l’organisme ?
Voulons-nous vivre ou voulons nous rester dans une croyance illusoire à propos de ce que serait la vie ?

L’ego (spirituel) en nous, s’il attaque toutes les autres parties de notre ego qu’il juge malsaines, peut s’avérer violent et totalitaire en nous.

Peur que le peuple porte au pouvoir un régime démagogique violent, raciste, homophobe, sexiste, militarisé ?

Qu’est-ce qui conduirait les gens à soutenir de tels régimes ; leur peur (des cultures étrangères, de perdre leurs repères hétérosexistes traditionnels, d’être délaissés au musée des vieux concepts…) ?

Hypothèses de solutions :

→ S’interroger en quoi nos peurs sont similaires.

→ besoin d’empathie : pour les peurs et les besoins de reconnaissance d’autrui, et pour autrui (malgré nos différences apparentes).

→ sortir des tours d’ivoire de bien pensants, vivre dans le monde sans polémiquer mais en désamorçant les quiproquos et le sentiment d’abandon ou de mépris là où on le peut.

→ → soutenir des politiques différentes, capables d’apporter une réponse sensée aux craintes de tous (pas les positions politiques qui se bornent à tout critiquer, dans une opposition permanente stérile. Sans donner raison aux peurs infondées, mais sans ignorer ceux qui les éprouvent).

Peut‑être sommes nous planétairement en apprend‑tissage : l’oppression subie pour identifier nos propres jeux de domination / soumission ?

#extrême-droite