(m. à jour : sept 2025 a)
Vision en #miroir .1. principes
Plan de la page :
~but et précautions
~principe 1 : subjectivité
~principe 2 : réciprocité
~les défenses psychiques
~exemple avec la Justice
~exemple avec les sentiments
~exemple avec l’homosexualité
+ d’autres exemples sur les pages suivantes.
| But de cette page | Présenter un outil qui peut éviter de nuire en agissant (ou en militant) précipitamment. Aider à mener un travail introspectif. Aider à concevoir une Justice équitable. |
| Précautions /!\ | Je recommande la lecture aux personnes motivées à agir pour la paix, à se remettre en question (et en capacité d’être bousculées) : ni aux prises avec des angoisses ingérables, ni aux prises avec un manque de motivation à vivre. Cet outil n’est pas destiné à être pris « au pied de la lettre » : il n’apporte pas de solution préétablie. Dans une culture de recherche de coupables, telle que la notre, cet outil peut très vite être compris puis mal utilisé. Nous aborderons ultérieurement d’autres mises en garde. |
| Quand cet outil est-il adapté ? | Le regard en miroir est adapté dans les contextes de vie où l’on a le temps d’approfondir une réflexion, sans que cela nous écarte de l’action pacifique à mener. Lorsque les conclusions logiques autour d’un sujet ne servent pas la paix. |
| D’où vient l’outil ? | Ce que je présente ici est une interprétation personnelle de la vie, mais je retrouve des concepts similaires, à partir de référentiels culturels différents, aussi bien dans la culture populaire, dans le New-âge (cf. biblio fin de page), que dans des traditions classiques : Pour certains Chrétiens, l’ouverture intérieure attire la grâce. + cf. la parabole de la paille dans l’œil du voisin et la poutre dans le notre. Pour certains Soufis : « tu es ce que tu cherches ». Pour certains Bouddhistes. : ce que l’esprit cultive finit par se manifester dans l’expérience. |
Principe 1 : la subjectivité
Notre compréhension de la vie est subjective, car nous interprétons ce que nous percevons du monde (et qu’en amont nous percevons plus ou moins de choses).
Comme dans le film « The Matrix », si on le regarde comme une métaphore : nous ne voyons pas la réalité, mais « l’image » que nous nous en faisons.
Notre image-perception passe par le filtre de notre état intérieur. Ce filtre est mouvant, notamment en fonction de la fluidité ou de la lourdeur de notre flux émotionnel.
Nous concevons le monde en nous appuyant sur une somme d’impressions subjectives, qui ne sont ni la réalité objective −si elle existe ?−, ni exactement notre intériorité.
Chaque instant-interprétation se rapproche plus ou moins de la réalité (probablement en fonction de la qualité de notre attention, de notre capacité à lâcher nos illusions et nos fausses conclusions antérieures).
A partir de ce que nous observons dans le monde, nous pouvons en déduire des indices sur l’état de notre intériorité, comme si le monde comportait quelques fragments de miroirs.
NB. Cela ne signifie pas que le monde serait un miroir au service de notre ego.
La méditation est un outil traditionnel pour augmenter la qualité de nos perceptions. Mais je ne suis pas issu de ces cultures. L’outil miroir est une façon que j’ai d’améliorer mes interprétations de ce que je perçois et comprends de la vie.
Principe 2 : l’éthique de réciprocité
L’ #éthique-de-réciprocité est contenue dans la phrase :
« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ».
L’idée que l’autre est (comme) nous-mêmes est présente dans de nombreuses sagesses, et elle est une évidence pour toute personne qui croit à la réincarnation.
Dans la cour de récréation, quand j’étais enfant, j’entendais souvent la phrase : « c’est celui qui le dit, qui l’est ». Elle contient la même idée.
Elle se rapproche du concept de projection (en psychologie).
Une autre manière de l’exprimer est :
« On est sali par les sales ».
En prenant le principe au pied de la lettre, on pourrait en déduire que ceux que j’accuse n’ont peut-être rien fait de pire que moi, voire ils n’ont rien commis. Ce n’est pas l’idée que je vais développer ; je vais contredire cette déduction erronée.
Principe 3 : les mécanismes de défense psychique
On est souvent dérangé par quelque chose chez autrui qui nous meut (ou attire) parfois secrètement. Pourquoi ?
Notamment parce que l’on a souvent été éduqué.e.s à rejeter certains désirs, certaines opinions, certains ressentis. Ou bien on s’est censurés nous-mêmes pour éviter une surcharge émotionnelle à moment donné.
Lorsque l’on a oublié ce que l’on a rejeté (rejeté dans l’inconscient), cela s’appelle le refoulement.
Le déni est un mécanisme parfois un peu plus conscient que le refoulement.
Il y a aussi le retournement en son contraire : le fait d’inverser certains désirs refoulés. Par exemple, on refoule de l’amour et on se met à exprimer de la haine ensuite.
D’autres mécanismes de défense sont répertoriés en psychologie. Par exemple, quelqu’un qui ne se croit pas digne d’être aimé, et voudrait trouver un amour inconditionnel envers lui, peut acquérir plus de diplômes qu’il n’en a réellement besoin, afin de se faire apprécier des gens (aimé a glissé vers apprécié). NB Cela ne permet pas d’atteindre le but réellement recherché. Cf. des ouvrages de psychologie spécialisés dans les mécanismes de défense psychiques.
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A partir du moment ou certains désirs sont refoulés, déniés, rejetés pour quelque raison que ce soit, ils peuvent continuer d’agir à notre insu. Exemples :
Une attirance peut se transformer en agressivité.
On peut devenir addict à une activité/substance parce qu’elle masque une souffrance préconsciente.
Une personne ayant des sentiments et réactions #homophobes pourrait se demander si elle refoule ce qu’elle n’ose aimer en elle.
Ce qu’elle rejette agressivement chez autrui pourrait faire écho à quelque chose en elle.
S’agit-il d’une homosexualité refoulée, d’une simple jalousie, ou d’un mal-être identitaire d’une autre nature ? Il n’y a pas de réponse automatique.
Gardons-nous de toute conclusion hâtive.
Contentons-nous d’initier l’hypothèse que la réaction d’autrui (ou se soi-mêmes) n’est pas nécessairement déclenchée par la cause apparente.
Agir à la bonne échelle de grandeur
Souvent, on se plaint de subir des choses que l’on aimerait (inconsciemment) faire subir aux autres ; on reproche à autrui des actes ou des intentions similaires aux nôtres. Similaires mais pas nécessairement à la même échelle.
Par exemple, on peut détester un milliardaire qui ne fait que chercher à gagner toujours plus d’argent -ce que l’on fait aussi, mais à une échelle moindre.
Donc on peut questionner notre propre avidité si on veut gagner en cohérence dans un combat pour l’équité sociale.
Mais si on se contente de travailler à l’échelle de nos seuls désirs, on va passer à côté de l’enjeu politique de la situation économique :
c’est au niveau de la société entière qu’il y a besoin de repenser le but, l’économie, les lois, l’organisation générale… pour sortir du capitalisme débridé et meurtrier dans lequel nous nous sommes enfoncés.
Le capitalisme génère des milliardaires, que nous n’empêcherons pas de nous appauvrir toujours et encore plus, en gardant les mêmes rouages, les mêmes élus politiques qui légalisent le capitalisme et les guerres infâmes, etc.
En d’autres termes : je ne me sers pas de cet outil pour me dépolitiser, mais pour rendre mon action politique davantage cohérente.
Retrouver l’émerveillement
En gardant à l’esprit que la notion de miroir est toute relative, si l’on considère que les autres « reflètent » en partie des comportements similaires aux nôtres, alors vivre, ou se promener dans des endroits variés, très peuplés, aide à vérifier si l’on est en paix avec toutes les facettes de nous-mêmes.
Et lorsqu’on est en paix avec soi-même -ce qui est plus ou moins accessible facilement, selon d’où on part- on retrouve plus facilement une perspective dans laquelle le monde est beau -même s’il reste à créer une société soutenable.
Détaillons les précautions :
Lorsque les autres nous renvoient une image agréable de la vie, nous pensons généralement pas à l’effet miroir. Pourtant, on pourrait : cf l’adage « la beauté est dans l’œil de celui qui la voit ».
On peut utiliser l’outil pour se faire du bien, et pas seulement pour se remettre en question à chaque fois que l’on hait quelqu’un.
Mais lorsqu’on utilise l’outil pour se prémunir de haïr exagérément autrui, alors qu’en réalité, autrui ne fait que « refléter » quelque chose de refoulé et détesté en nous, nous nous attaquons frontalement à nos ombres.
L’outil invite à les regarder en face, accueillir, transcender. Donc l’outil permet de délaisser nos comportements haineux, négatifs, etc. Mais il y a là plusieurs dangers :
1. trop rechercher les ombres en nous : désir perfectionniste, épuisement, déséquilibre joie / peine.
2. nos tentatives de ne pas nuire, de ne pas accuser autrui à tord, de ne pas se tromper de cible… sont des doubles négations (ne pas se tromper de cible = ne pas (1ere négation) ne pas réussir sa cible (2ème négation). Or un double blocage n’est pas un acte fluide. C’est un « stop » utile à moment donné, mais ensuite, où va-t-on ?
Se rendre compte de ce qui nous nuit ne nous aide pas directement à aller vers ce qui va nous épanouir.
Vouloir ne pas nuire ne renseigne que très très partiellement sur ce que l’on a envie d’offrir au monde.
Dès lors que cet outil peut servir à freiner un élan, encore faut-il ne l’utiliser que si on a déjà de la vitesse (de l’envie de vivre, une capacité à agir en tant que citoyen.ne).
Si une situation requiert d’agir, agissons !
On ne mène une introspection que si le moment est approprié, et que l’intention est juste : non pas fuir la réalité, mais mieux la comprendre. Mieux, ici, se réfère à comprendre un même phénomène à diverses échelles (cf. les représentations du monde en #fractale).
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Notre ego se sent le centre du monde et pourrait, à la lecture de ce chapitre, adopter la croyance erronée que tout ce qui arrive à l’extérieur serait la conséquence de ses choix conscients. Mais ce n’est pas le cas.
Détaillons le but :
Profiter d’un défi extérieur (politique, de voisinage, familial, amoureux…) pour à la fois solutionner le défi et à la fois renforcer notre connaissance de nous-mêmes.
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Ne pas semer les graines d’un retour en arrière :
si nous détrônons un dictateur, mais que nous, le peuple, avons toujours une culture de domination, d’abus en tous genres… une fois le dictateur parti, quelqu’un d’autre jouera l’abuseur.
J’imagine qu’à l’inverse, si nous avons travaillé sur notre compréhension du rôle de père, de chef d’entreprise, d’ego vis à vis de l’âme, et si nous questionnons nos dogmes présentant Dieu comme un tyran, nous pourrions réellement changer de paradigme.
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Éviter de générer un nouveau problème, issu d’une réaction inappropriée : rediriger notre énergie vitale, jadis utilisée à accuser autrui (et à se croire autorisé.e à punir ou à exiger des réparations), vers une transformation profonde de notre perception du monde, suivie d’une action la plus juste possible.
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Réfléchir à ce que nous voulons vraiment (sous les éventuelles fausses évidences, les jeux de dupes tel le triangle justicier-victime-bourreau).
Questionnements en simili miroir
liens vers les pages suivantes :
Ci après : exemples vis à vis de la justice, puis vis à vis des sentiments.
Exemples vis à vis de la justice
Nous pourrions désirer une société de vraie #justice,
nous pourrions désirer voir punis tous ceux qui ont commis des atrocités,mais…
- Sommes-nous conscients des motivations de la partie de nous-mêmes qui veut servir l’intérêt commun,
et conscients de la partie de nous-mêmes qui ne cherche que la satisfaction de nos besoins personnels ?
- Vivons-nous d’activités inoffensives de bout en bout,
ou jouissons nous d’un mode de vie agréable parce qu’il y a des neo esclaves qui fabriquent nos vêtements et objets dans un pays lointain ?
De quelle justice pourrions-nous nous targuer, si nous sommes complices d’une injustice planétaire ?
- Bénéficions-nous d’un statut professionnel privilégié (nous procurant un passe‑droit) ou rêvons-nous de l’obtenir ?
- sommes nous guidés par une haine irrationnelle ?
Avons-nous transcendé tous nos traumas pour être débarrassé de réactions passionnelles ?
Sommes-nous vraiment, individuellement et collectivement, en mesure de rendre une justice équitable ?
- Pourquoi sollicitons-nous l’arsenal juridique et policier lorsqu’il nous arrive des soucis, est‑ce pour obtenir ce que nous croyons être notre dû (par exemple, pour réclamer un dédommagement suite à « préjudice ») ;
croyons-nous qu’un juste prix à payer soit réellement juste (devant la vie, l’univers, la Terre…) ?
Le système judiciaire effraie ?
- Les principes de la Justice sont-ils moins ou plus évolués que les raisonnements vengeurs qui nous traversent la tête ?
- La Justice est-elle une institution moins ou plus verrouillée que nos propres mentalités ?
- Sommes-nous dans un traitement impartial de notre entourage, ou sommes-nous plus avenant lorsque nous sommes sous le charme ?
Sommes-nous méprisants envers les personnes au visage disgracieux ?
- Jouissons-nous de biens de consommation pacifiquement acquis ou façonnés par nous-même, ou consommons-nous des produits fabriqués à partir de matériaux injustement et violemment arrachés sur des terres lointaines ?
(cf. l’exploitation outrancière du sous‑sol, les délocalisations et la pollution engendrées)
- Est‑ce que nous profitons de notre position de parent (ou de supérieur hiérarchique) pour imposer les règles de la maison (ou de l’entreprise) par la menace ?
- Est‑ce que nous incarnons/désirons l’harmonie davantage que la brutalité ?
- Ce système est-il un outil abstrait piloté par une corporation qui protège les puissants ;
ou la résultante de nos peurs, et de nos ressentiments collectifs de vengeance ;
ou que reflète-t-il d’autre de nous ?
Exemples vis à vis des mœurs et des sentiments
Si on est gêné d’apercevoir un voisin, nu dans son jardin, on peut :
-observer ce qui nous gêne dans notre propre relation à notre tenue ou à notre corps (introspection pour éviter une réaction agressive),
-mettre des rideaux à nos fenêtres (déni, fuite, procrastination),
-aller quereller le voisin ou appeler la police (escalade de la violence, et de la méfiance entre voisins).
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Une personne qui se sent incomprise, ou isolée, peut se demander si ses émotions ou sentiments sont isolés en elle. (cf. la guérison des traumas, cf. l’impact des traumas : isolation des sentiments, réduction des possibilités d’action…).
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Une personne qui a des difficultés à s’intéresser à ce que les autres racontent à propos de leur vie peut se demander si son propre univers a été mis à mal (et si elle a besoin qu’on l’aide à se sentir assez en sécurité pour parler d’elle).
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Une personne admirant beaucoup les gens autour d’elle pourrait se demander si elle a des qualités similaires en elle.
#nudité #police
Une personne qui souffre pourrait à la fois envisager qu’elle fait souffrir autour d’elle, ou qu’une partie d’elle en fait souffrir une autre (par exemple, que son perfectionnisme étouffe son besoin de spontanéité).
Une personne, entourée d’objets encombrants, pourrait se demander si elle focalise son attention sur ses angoisses.
Une personne en conflit avec un.e menteur doué, ou en fureur contre les médias, pourrait se demander si elle se ment aussi à elle-même, ou aux autres.
Si nous mentons, pourquoi espérer une société sincère ?
Une personne entourée de gens qui la haïssent, pourrait se demander si elle déteste un grand nombre des traits de sa personnalité.
Si notre vie est régie par des idées fixes, à quoi bon critiquer les dogmes religieux ?
à réfléchir :
J’ai entendu beaucoup d’homophobie de la part de personnes croyant que les enfants qu’ils ont mis au monde sont leurs enfants, issus d’eux et destinés à être leur miroir amélioré -voire parfait.
J’ai entendu beaucoup moins, ou pas d’homophobie, de la part de personnes considérant que les enfants qu’ils ont mis au monde sont venus par eux, mais ne sont pas de eux. Que leur rôle est de les protéger et de les aider à trouver leur voie, et non pas de les formater avec leurs croyances.
#homophobie #parentalité propriété #abus
Biblio :
Aimer sans limites de Katie Byron
http://letravail.org/
Documentaires :
Mondes intérieurs, mondes extérieurs