M à jour : 2024
La #prière
Nos #vœux pour le futur sont généralement des #pensées tournées vers le passé. Ce que l’on imagine désirer est souvent conçu à partir de nos sentiments de manque, et le fantasme de ce qui les comblerait. Un fantasme est souvent créé à partir du souvenir de ce que l’on a déjà aimé (le vœu s’ancre donc dans le passé).
Par exemple : « je voudrais tant le/la revoir » ou « je voudrais être un médecin émérite (comme papa) », ou « je vais lui faire regretter son insolence, qui n’a que trop duré »…
Un vœu est moins orienté vers le passé lorsqu’il est moins précis. Par exemple : « je veux la paix », ou « je veux guérir », ou « je suis santé parfaite »…
Mon père n’est pas mon Père
Si la prière religieuse est enseignée tôt aux enfants, notamment à un âge où ils sont extrêmement dépendants des adultes qui les entourent, ils pourraient s’imaginer que Dieu est similaire à ces adultes. Cela pourrait amener les enfants à adopter des représentations très variées de Dieu : depuis un pourvoyeur de tous leurs caprices, jusqu’à un personnage détestable, en passant par une personne juste et aimante, ou au contraire négligente −selon l’image qu’ils ont des parents.
Si l’humain conduit sa vie spirituelle comme il se comportait avec ses parents, cela peut avoir de multiples conséquences. Par exemple, enfant, si on cherchait à faire des bêtises pour provoquer nos parents, adulte on pourrait chercher à commettre des dommages à « la création divine », pour savoir si l’on sera réellement puni.
Est‑ce #naturel ou #culturel ?
Pour rappel, ce qui est naturel existe indépendamment de toute conception humaine.
Par exemple, l’humain naît nu. C’est sa nature d’avoir un corps. Ensuite, l’humain s’habille en fonction d’une culture vestimentaire.
Ce qui est culturel dépend de l’ensemble des apprentissages humains qui conditionnent nos raisonnements, qui nous permettent de communiquer dans un registre convenu.
Nous avons approuvé ces apprentissages, ou nous sommes en conflit contre eux, mais ils constituent notre culture. Mettre un vêtement, ou prononcer un mot, est un geste à la fois banal, et résultant de l’Histoire.
Naturel : existe indépendamment de ce que l’on en pense, indépendamment de ce qu’on en dit.
Culturel est à rapprocher des notions de norme/normal, de société et ses lois, de autorisés et interdits (par un prêtre, par les parents, par les habitants du même quartier…)
Exemples : si des gens nous rejettent parce que nous portons des jeans, une djellaba, ou du maquillage, ce n’est pas notre nature qu’ils discriminent, c’est notre culture et nos choix.
Si des gens nous maltraitent parce qu’ils ont des préjugés sur notre identité (sexe, couleur de peau…), c’est notre nature qu’ils discriminent.
L’expression « contre‑nature » fait-elle sens ?
Elle signifie que certains comportements ne respecteraient pas un ordre naturel des choses.
Mais affirmer que quelque chose serait contre‑nature, ou au contraire naturel, supposerait que l’on sache vraiment ce qu’est la nature.
Est‑ce le cas ? La percevons-nous comme devant être conforme à nos croyances, ou l’observons-nous sans préjugés ?
La ressentons-nous, la comprenons-nous avec sagesse, l’interprétons nous selon des prétendus savoirs, la négocions-nous comme une ressource pour les industries ?
Lorsqu’un discours, contient » #contre-nature », on peut presque toujours le remplacer par la locution « contre‑(ma*)‑culture ».
Par exemple, l’acte sexuel hors mariage, existe naturellement (bien avant que n’existe le mariage).
Un tel acte n’est pas « contre-nature » mais « mal vu » par certaines #morales ou #cultures.
Et ainsi de suite concernant un amour homosexuel,
et tous ce que rejettent certaines cultures.
« ma » culture ?
« ma » culture est un langage avec équivoques :
on ne possède pas une culture.
On peut en mimer les rôles au point de paraître identique à un autre membre de cette culture,
on peut l’aimer,
mais elle n’est ni nous, ni à nous.
On a parfois une marge de manœuvre pour l’infléchir, la cocréer, et parfois elle est pure norme rigide, gardée par des gardiens plus influents que nous.
Parfois des gens ont peur qu’en autorisant l’homosexualité, tout le monde devienne homo, et qu’il n’y ait plus de procréation.
D’une part cela révèle que la personne a peur de devenir elle-même homo (elle est incluse dans le « tout le monde ») ;
d’autre part, c’est confondre reproduction et sexualité :
on peut faire l’amour sans pour autant procréer.
(Il faut toujours un homme et une femme pour procréer ; mais pour jouir sexuellement, d’autres combinaisons existent).
En outre, la vie affective et sexuelle ne se résume pas à la sexualité, il y a des sentiments, des formes d’amour subtiles ;
et même dans la sexualité, l’acte ne se résume pas à une pénétration.
Une diversité de désirs, de la beauté, de la douceur, sont possibles dans toutes les relations.
Naturalisation vs pathologisation
Dire que quelque chose est naturel, ou est pathologique, revient à juger à partir de ce que nous croyons être la nature, la vie, le sain, etc.
Combien de personnes ont commis des violences envers ce qu’ils ont jugé pathologique, non divinement acceptable, ou non naturel (obliger les gauchers à écrire de la main droite, exciser, tuer un non converti, gaver de médicaments aux effets secondaires lourds, mutiler une personne intersexe (défini sur la page LGBTI)…
D’un autre côté, combien de vies ont été sauvées grâce à la compréhension de pathologies qu’on a pu soigner à temps ?
Ce que nous ne comprenons pas n’est pas nécessairement pathologique.
Comment un.e humain portant un vêtement synthétique, conduisant une voiture au lieu de marcher naturellement quand il le pourrait, consommant un OGM au lieu d’un légume bio, ayant renié une bonne partie de ses émotions et sentiments naturels au nom d’un #dogme, peut-il se sentir légitime de pointer du doigt un autre humain et de crier « tu es contre nature » ?
cf. chapitre sur la vision en quasi miroir.
Synthèse naturel / culturel
| Naturel | Culturel |
|---|---|
| * L’existence de la vie, * Nos ressentis spontanés (qui peuvent être fluides et évolutifs) | * Nos croyances à propos de Qui a créé la vie. * Nos ressentis modifiés du fait de nos croyances. * Nos concepts d’autorisé et d’interdit. |
Arrivé à un certains niveau d’apprentissage, comment distinguer ce qui est naturel ou culturel en nous ?
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| Naturel | Artificiel |
|---|---|
| Le fruit | Les arômes naturels, les arômes artificiels |

#Acceptation ou #approbation ?
> #Approuver se réfère à un #accord cognitif. De quoi s’agit-il ? Le plus souvent d’un jugement émis à partir d’une morale collective ou personnelle.
Il s’agit d’une absence de sentiment ou d’opinion contraire.
L’approbation nécessite d’être apte à la formuler : dans un état de clarté d’esprit et de ressenti.
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> #Accepter se réfère à une intention d’intégration plutôt qu’à une prolongation d’un déni ou d’une ignorance. C’est une volonté de composer avec l’existence de ce qui est, donc de renoncer à vouloir détruire ce que nous ne comprenons pas ou ne réussissons pas à aimer spontanément.
#inclure #inclusion #intégration
Accepter (ce qui se produit dans nos vies), nous permet d’élargir notre conscience de la réalité : y intégrer ce à quoi nous assistons, en renonçant à tout contrôler (ou qu’il en soit autrement).
Accepter ne nous prive pas de notre liberté d’approuver, désapprouver, ou fuir. Cela ne n’interfère pas avec notre éventuelle responsabilité liée à nos éventuels choix.
L’acceptation évite les écueils d’un déni (lequel reporte le moment d’une action juste). Cf. le concept de justesse.
Par exemple : reconnaître notre rôle dans la pollution planétaire, est une étape pour pouvoir choisir de créer une société respectueuse des écosystèmes naturels. (Tant qu’on le dénie, ça va être difficile de changer les habitudes écocidaires).
Attention toutefois :
on peut se tromper. N’acceptons pas trop vite nos conclusions erronées. POUR ACCEPTER CE QUI EST, encore faut-il DISCERNER ce qui est !
Par exemple, pour la plupart d’entre nous, il serait stérile d’accepter l’idée que jamais nous ne pourrons réaliser (quelque chose de réalisable en sport un jour, si on s’entraîne régulièrement). A l’inverse, il est utile d’accepter qu’une blessure ou un manque de condition physique nous empêche temporairement de réaliser quelque chose, afin d’éviter un accident du sport.
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Nous pouvons accepter nos forces et nos faiblesses, ou nous pouvons nous accepter tel.le.s que nous sommes, sans recourir à un classement en forces et en faiblesses (ce qui revient à accepter, en outre, l’idée que notre mental n’est pas compétent pour tout évaluer).
L’ #intention et le #choix
Décide‑t‑on de nos vies ? Qui dirige notre propre #volonté ; notre corps (cerveau, hormones, réflexes), notre flore intestinale, nos toxines, notre Karma, la télévision, les experts, quelques politiciens, quelques milliardaires, les blogueurs, la publicité, les journalistes, des tachyons, le souvenir de l’éducation prodiguée par notre entourage d’enfance, les personnes que l’on craint, ou que l’on désire sexuellement, qui (ou quoi) d’autre ?
Nous faisons nos choix en fonction de ce que nous ressentons, comprenons, approuvons, ou réfutons.
Pour nous aider dans nos choix, nous avons un instinct, un faisceau de ressentis subtils, des formes d’intelligence, des ressentis corporels, des indices à interpréter (rêves, synchronicités…), une mémoire, plus ou moins de satisfaction vis à vis des précédents actes posés… Chaque outil requiert un usage correct : par exemple, l’intelligence du corps répond mieux si on mène une vie équilibrée (force et souplesse, effort et repos, plaisir et détachement, alimentation adaptée…)
De quoi a-t-on le choix ?
Un soir, au moment de me resservir à manger (sans faim réelle, par élan compulsif), je prends conscience que je suis aux prises avec une vieille injonction éducative de mon enfance : « tu peux mieux faire, travailler davantage » et « mange pour prendre des forces ».
J’ai compris que j’étais en train de me resservir pour prendre plus de forces, pour accomplir plus de choses susceptibles de satisfaire des parents (et enseignants) (qui ne sont même plus vivants).
Une fois constaté cette #pensée, je l’ai lâchée, et ma fausse faim a aussitôt disparu.
Autrement dit, il y avait une fausse fatalité et un faux choix apparent :
ce qui semblait être le choix proposé ne l’était pas vraiment. Voici l’énoncé illusoire :
« est-ce que je mange selon mon désir ou selon la raison ? ».
En effet, si je m’étais empêché de manger trop par raison, j’aurais créé une frustration non bénéfique à ma santé. Si j’avais mangé plus que nécessaire, j’aurais affaibli ma santé aussi. Donc aucune option n’était bonne pour ma santé, c’était un faux choix.
Le choix semble avoir été uniquement « est-ce que j’écoute ma conscience ou pas » ?
car à partir du moment où j’ai compris son message, je n’étais plus devant un choix impossible.
L’acte juste est instantanément devenu psychiquement agréable : il allait de soi que je n’allais pas manger sans la moindre envie réelle de manger. Le choix a disparu dans le sens où j’étais aligné et sans doute ni frustration.
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Cela amène la question :
suis-je l’esclave de ma conscience ?
Le regard que je porte sur la vie va fortement influencer la réponse à cette question :
Si je me crois un être autonome, isolé, rationnel, … oui je peux percevoir la conscience comme une quasi adversaire, comme un surmoi rabat-joie.
Au contraire, si je ressens que je suis partie d’un tout, que je n’existe que grâce à ce tout, et que le sentiment d’existence séparée n’est pas une vérité complète, alors je n’ai plus de compétition entre la conscience et mon propre désir.
Et même en étant seul, même sans public apparent, je peux offrir mes talents à l’univers : jouer de la musique, chanter, ou simplement respirer, être, resplendir, non pas pour séduire et satisfaire mon ego, mais pour exprimer la beauté de cette vie complexe, sachant que je suis spectateur et acteur à la fois.
rajout sept 2024 sur les 2 § ci dessous
Un choix, ce n’est pas seulement prendre une chose inconnue plutôt qu’une autre :
par exemple ce n’est pas seulement manger du poisson ou du tofu,
ni aller à dos d’âne ou en voiture en vacances.
Qu’y a t il comme énergie associée à chaque choix ?
manger du poisson en boite de conserve bon marché c’est choisir de calmer la faim avec un produit qui a nécessité une industrie navale, le pillage des océans, des ouvriers plus ou moins esclaves à bord ou à quai. Est-ce là ce qu’on souhaite nourri de notre argent pour nourrir notre faim ?
Aller à dos d’âne, c’est avoir un âne et en prendre soin, ou l’emprunter à quelqu’un qui en prend soin.
Aller en voiture, c’est nourrir l’industrie automobile, des routes et impôts qsui les financent, du pétrole et des conditions de travail là bas…
Chaque choix apparent est peu significatif mais des lors qu’on prend conscience de ce à quoi on consent, choisir devient un art du ressenti énergétique de plus en plus subtil autour des énergies que l’on veut transmettre en ce monde.
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L’intention nécessite une forme de cohérence. Par exemple, on peut toujours poser l’intention d’être une personne non‑violente. Mais si l’on mange de la viande à chaque repas, a fortiori issue d’élevage intensif, on a encore du chemin de non violence à parcourir.
cf. la prière
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Apprenons de nos expériences : à quelle conséquence sommes-nous arrivé.e.s, selon que nous ayons écouté notre orgueil, l’intuition, le savoir scolaire, l’instinct, la logique, un « cœur » jaloux, un « cœur » apaisé… ?
L’intention que nous poursuivons n’est pas nécessairement consciente :
pouvons-nous observer finement ce qui nous meut, parfois des désirs presque inconscients, de précédents choix oubliés… ?
Notre intention pouvant être affaiblie, ou détournée par certains messages, nous avons besoin d’affiner notre capacité à repérer réellement l’énergie de la paix, pour ne pas nous diriger illusoirement vers ce qui lui ressemble (désir, narcissisme, faux désintéressement, publicité, soumission, conseils d’un dieu imaginé par le mental, alliances en vue de détruire des adversaires…)
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J’observe quatre sources d’élans dans ma vie.
1) L’appel intérieur qui me permet de ressentir une satisfaction intérieure lorsque j’ai correctement identifié cet appel et que je réponds présent.
2) Les injonctions de la société, typiquement vécues dans la famille et dans l’institution scolaire, puis dans le métier. Elles m’ont offert des moyens d’interaction avec mes pairs. Elles m’ont apporté de la douleur lorsqu’elles ont contredit ma voie intérieure (tant que je ne savais pas vivre harmonieusement intégré et authentique).
3) Les souvenirs persistants. Lorsque le moment présent s’embrouille, mon ego recherche une connaissance issue de mon passé. Cela apporte tantôt une amélioration, tantôt une dégradation de ma qualité de vie. L’amélioration concerne le souvenir d’actes sensés (par exemple, mon père qui me disait que pour être un sportif, il est essentiel de se reposer entre les efforts). La dégradation survient lorsque je reviens sur une frustration non encore transcendée. Par exemple, en cas de chagrin, le souvenir de ma grand-mère qui me disait de manger un biscuit pour aller mieux (m’accrocher à ce souvenir pourrait favoriser une addiction au sucre). Mais seule une attention portée à la réalité de ce que j’éprouve, en confiance dans mes capacités d’y répondre avec justesse, me procure une paix intérieure (en honorant le souvenir, mais en ne m’y attachant pas).
4) Les désirs dont j’ignore la provenance. Là encore, les conseils émis au 1) et au 3) restent valables : confiance, quête de justesse, lâcher prise (abandon de vieilles peurs, de vieilles haines qui se cachent souvent sous les désirs d’apparence insensée, abandon de l’illusion que tout se passera comme prévu), ancrage, volonté (sans se rendre malade de par un excès de détermination)… sont des outils pour laisser les pulsions morbides délivrer leur message, ne pas le traduire en actes, puis constater l’apaisement de ces pulsions, étant donné que leur message a été ente
Le #désir
La satisfaction est-elle l’assouvissement d’un désir ?
Est-ce un mécanisme naturel et/ou éducatif ?
Des le plus jeune âge on nous propose des rôles et métiers à désirer. Ce faisant, on légitime le « système » en place : on ne le remet pas vraiment en question, notamment sous le prétexte suivant :
Sous-entendu que les milliardaires, empereurs, prosélytes et autres dominateurs n’auraient rien fait de mal, puisqu’ils ont suivi leur rêve, et que rien n’empêche officiellement quiconque d’en faire de même. C’est bien évidemment illusoire puisque les conquérants en tous genres ont écrasé ou tué sans consentement de leur victimes.
On peut passer des dizaines d’années de vie avec un fond dépressif entretenu par le constat d’échec personnel à être un héros, un gagnant, un altruiste, le membre d’un couple parfait…, pour avoir adhéré à un mythe ou à un autre (mythe guerrier, consumériste, autour des Saints, ou autour du mythe hétérosexiste…).
Tout simplement parce que la machine à fabriquer du rêve pour tous est une tromperie. Une tromperie qui n’apparaît pas sous son vrai visage tant que l’on arrive à se conformer assez au mirage collectif pour récolter quelques lauriers.
Le désir consumériste draine le débridage de l’industrie, et celui-ci tend à tuer la vie.
Le désir de parentalité, couplé à celui de conquête culturelle et/ou au fantasme d’immortalité de notre ego, aboutissent à une situation de surpopulation sanitairement difficilement gérable, et à des guerres sans fin.
NB. La parentalité n’est pas un problème dès lors que notre désir cesse d’être aveugle.
Certains désirs peuvent nous indiquer des failles dans l’estime de nous-mêmes, et parfois être le symptôme que notre propre orgueil nous dirige.
L’absence de désir n’est pas un but en soi (ce serait un désir).
Le lâcher prise d’avec le désir, et d’avec un but de non-désir, me semble une manière de quête de ce qui se rapproche le plus de la paix.
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Désire-t-on la paix parce qu’on se sent en guerre quelque part en soi-même ?
Désire-t-on l’amour ou l’agape parce qu’on se sent aride quelque part en soi-même ?
Désire-t-on la vérité se sent dans le mensonge quelque part en elle-même.
Désire-t-on un système social juste parce qu’on se sent injuste quelque part en soi-même ?
Le jeu de vivre
La phrase « fait un effort » (sous entendu : de volonté) est une motivation adaptée à certaines situations. Mais pour quelqu’un de consciencieux comme l’enfant que j’étais, cette phrase était un poison.
Chaque fois que j’ai voulu passer en force, par effort de volonté, je me suis retrouvé à l’hôpital ou malade ou avec quelque chose de cassé dans le corps…
je n’en déduis pas que ce soit généralisable.
Pour rester sur mon témoignage :
je découvre que la meilleure façon d’être volontariste consiste à rester centrer sur ce que je peux faire, avec plaisir (en jouant, pourrait-on dire). Ainsi je progresse en capacités au lieu de me tuer par une volonté placée sur des objectifs externes à mes vrais besoins.
La #volonté
On a besoin de notre volonté, pour exister dans le monde. La volonté est comme la force avec laquelle nous exerçons nos intentions. Sans volonté, les conséquences d’une intention restent peu palpables. Mais ce n’est pas une invitation à tenter de tout contrôler : nos destinées résultent d’un nombre de paramètres ingérables par notre mental.
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Des religieux prétendent connaître la volonté de Dieu, des conquérants ont la volonté d’envahir ou de gagner plus, des machines sont créées pour nous aider et/ou nous contenir, nos caprices tentent d’infléchir notre volonté… L’équilibre de la volonté est au cœur du défi existentiel.
La volonté est a priori présente chez nous tou.te.s ; je ne crois pas qu’on en manque, mais j’observe que l’on est parfois tellement submergé d’angoisses et de haines, que l’on se retrouve freinés dans nos intentions de vivre, donc freinés dans notre volonté de mettre en œuvre notre intention de vie profonde. D’où l’importance de la confiance en l’essence même de la vie, et en le pardon.
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L’hyper #contrôle
Le mental peut jouer un rôle de cohésion psychique, tout comme des lois peuvent jouer un rôle de cohésion sociale.
Mais le mental peut être trop contrôlant, tout comme il y a surabondance de lois et de contrôle de chaque faits et gestes.
Le contrôle est l’une des facettes de notre libre arbitre : il semble sensé de l’utiliser… avec justesse.
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Des situations répétées de « sur‑pression » dirigiste peuvent générer des phases de dépression (« dé‑pression ») en retour.
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En cessant de vouloir contrôler tous les aspects de notre vie, nous retrouvons plus facilement :
° la saveur du côté imprévisible de nos expériences (au lieu de déprimer devant le constat d’impuissance à façonner entièrement notre destin).
Un sentiment d’émancipation (au lieu de nous objétiser nous-mêmes, ou de devenir despotique avec ceux dont on tentait de diriger la vie).
° les messages de notre intuition (qui est fluide, et ne s’impose pas si nous lui fermons la porte avec entêtement).
° un sentiment de liberté vis-à-vis des gens jouant à merveille leur rôle social (dont les répliques sont connues d’avance), au profit d’un sentiment de communication réelle avec qui iels sont vraiment.
° la confiance et la liberté d’exprimer ce qui nous tient à cœur. Donc :
‑de l’intérêt pour la vie (moins de sentiment d’ennui et d’isolement d’avec nous-mêmes).
‑de la douceur.
‑moins de consommation de distractions et de fuites en tous genres.
‑le contact avec des personnes joyeuses et spontanées, autonomes et libres intérieurement.
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On choisit de monter sur un bateau qui nous inspire confiance, pour tenter de contrôler la traversée. Mais que l’on soit dans une barque, ou sur un navire, on sera traversés par différents sentiments (tempêtes et éclaircies).
Tant qu’à faire ce voyage, tentons de le savourer, plutôt que de rester dans la salle de cinéma du paquebot. Certes, dans un film, aucun drame de l’histoire ne semble pouvoir réellement nous menacer. Mais ce qui est projeté n’est-il pas semblable à des centaines d’autres histoires déjà visionnées ?
- Voulons-nous tourner en rond dans la tête, ou naviguer ?
La deuxième moitié de l’interview ci-dessous contient une réflexion qui me touche autour de cette idée de tourner en rond, via la notion de #karma (mais je n’ai pas les compétences pour vérifier si les croyances exprimées par cet orateur, notamment les 84 créations, sont vérité ou sa vérité subjective, ou même totalement fausses). « Comment les univers parallèles nous affectent-ils ? #Sadhguru Français ».
Le #consentement
Demander un consentement est une marque de respect. Un consentement est valable lorsque nous sommes en mesure de le donner : en pleine possession de nos moyens cognitifs, en situation émotionnelle apaisée…
A l’inverse, le pseudo‑consentement obtenu par la création médiatique de peurs, parfois la publicité, ou tout prosélytisme violent, est plutôt révélateur d’un profond irrespect.
Observons notre manque de respect envers nous-mêmes. Par exemple, si on continue d’absorber de la (dés)information quotidienne, de la malbouffe, de se soumettre sans nécessité à une activité mauvaise à la santé… qui aurait envie de nous respecter ?
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- Est-on bien d’accord avec le droit de chacun.e de disposer de sa propre vie ?
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- Est-ce que là où ma volonté s’exerce avec force, je réalise mon vœu le plus cher ou une vie par dépit (comme un lot de consolation) ?
Le consentement positif
Le consentement peut être compris indépendamment de toute notion pénale : si on aime une personne, on ne veut que son bonheur, et communiquer en ce sens est une base pour s’assurer de la conformité de nos actes avec cette volonté.
Le consentement n’est pas seulement le pouvoir du mot « non ». Ce pouvoir est très important : si je ne veux plus, l’action s’arrête.
Ce n’est pas seulement le pouvoir de dire « oui » à ce que propose l’autre.
C’est aussi la quête d’apprendre à se connaîte, à connaître son ou ses partenaire(s) et à communiquer autour de ce que l’on voudrait vraiment initier, recevoir ou donner.
#Matrix, scène de l’architecte
blogs d’autrui en lien avec le thème de la prière et de la religion :
http://rockyrama.com/super-stylo-article/matrix-reloaded-larchitecte
copié collé de l’article (en cas de disparition de la cible du lien)
Matrix Reloaded : L’Architecte
Il s’agit probablement de la scène la plus célèbre (mais aussi la plus moquée) de Matrix Reloaded, celle qui en 2003 a définitivement séparé le public en deux groupes : les admiratifs, qui allaient nourrir les rangs d’exégètes sur Internet ; et les déçus, dont la colère a fait trembler les pontes de la Warner. Cela tombe bien, cette notion de séparation (mais aussi l’exégèse et la colère) est précisément au cœur de cette séquence assez unique dans l’histoire du blockbuster.
Texte par Rafik Djoumi paru initialement dans le Hors-série Rockyrama Matrix.
Ceux qui ont vu plusieurs fois le film Matrix Reloaded en salle à sa sortie ont très certainement constaté ce spectacle étonnant : dans les premières secondes de la scène de l’Architecte, toute la salle ou presque est animée d’un mouvement vers l’avant ; les têtes se décollent sensiblement du dossier, se redressent, comme pour mieux digérer une information très attendue. Et les paroles de l’Architecte, dans ces premières secondes, sonnent alors comme un camouflet, bien plus à destination du public que du héros : « Tu as beaucoup de questions. Bien que le processus ait altéré ta conscience, tu demeures irrévocablement humain. En conséquence, certaines de mes réponses seront comprises et d’autres pas. »
Voilà un formidable culot de la part des scénaristes qui prennent d’emblée le pari que les explications logiques de l’Architecte ne seront comprises qu’à moitié, car justement trop « logiques » pour un humain. Notons également qu’en évoquant le « processus qui a altéré ta conscience », le film s’adresse tout autant au héros qu’au public, dont la lecture de ce second volet s’est forcément déroulée sur un autre plan, moins intuitif, qu’à l’époque du premier.
L’Architecte se présente donc comme « le créateur de la Matrice » et raconte à Neo comment sa création « parfaite » ne pouvait maintenir son harmonie et sa précision mathématique du fait de « l’imperfection de l’être humain ». Il dut se résoudre à intégrer dans ses équations l’anomalie systémique que Neo représente et dont il est, à ce moment présent, la sixième incarnation.
Sur les forums en 2004, certains spectateurs n’hésitèrent pas à considérer ce personnage comme « le Dieu de la Matrice », à rapprocher son allure éminemment patriarcale des anciennes représentations bibliques, et à considérer que ce sixième Neo renvoyait au Sixième jour, celui de la création du jardin d’Eden et du premier homme : Adam. D’autres spectateurs rapprochèrent ce personnage du Grand Architecte de l’Univers, principe adogmatique cher à la Franc-maçonnerie qui permet d’approcher rationnellement l’ordre mathématique de la Création (ce à quoi nous invitaient d’ailleurs les engrenages du générique). Ces deux décodages sont tout à fait valides et ont très certainement été souhaités par les Wachowski.
Gnose
Mais au regard du pitch original de Matrix, l’Architecte peut également être vu comme l’illustration d’une autre figure célèbre de l’histoire des religions : le Démiurge.
Dès la sortie du premier épisode, de nombreux universitaires avaient fait constater la nature éminemment gnostique de l’œuvre et certains textes avaient été relayés par le site officiel du film. Mouvement chrétien ayant connu un grand développement au IIe et IIIe siècle, le gnosticisme stipule que le monde matériel a été créé par un demi-dieu inférieur et imparfait (le demi-urge) afin d’emprisonner les âmes divines que sont les humains, et les maintenir dans l’ignorance du caractère illusoire de ce monde qui est leur prison. Pour s’en libérer, l’individu doit retrouver en lui son étincelle divine et, par l’accès à la connaissance (la gnose), transcender ces barreaux spirituels que le Démiurge a placés autour de lui. Au fondement même de la dynamique catholique du péché qui doit mener au repentir, le gnosticisme oppose la dynamique de l’ignorance qui doit mener à l’illumination. Se révélant donc parfaitement incompatible avec l’exercice d’un pouvoir religieux, le gnosticisme a été très violemment combattu par l’Église et ses textes furent détruits. Longtemps, on ne connut de ce mouvement à multiples visages que ce que les textes de réfutation et de condamnation laissaient entendre. Ceci n’empêcha pas la résurgence régulière « d’hérésies » très similaires au gnosticisme à travers l’histoire (comme celle des Cathares, qui furent massacrés lors de la première croisade) ou la persistance d’une intuition gnostique dans les œuvres d’artistes (Rabelais, Shakespeare, Flaubert, etc.). Selon les principes gnostiques, cette persistance au fil des siècles s’explique chez l’individu par le phénomène de l’anamnèse, une réminiscence des vies antérieures.
Le dernier grand écrivain à avoir affirmé publiquement la nature gnostique de son œuvre est Philip K. Dick, certainement l’un des piliers majeurs dans l’élaboration du script de Matrix. En 1974, l’auteur SF de génie vécut une crise mystique qui lui révéla que nous vivions toujours au temps des premiers chrétiens et que l’Empire romain n’avait fait que changer de dénomination. Rétrospectivement, toute son œuvre, marquée par une remise en cause systématique du « réel », pouvait se relire à la lumière de cette révélation gnostique que l’auteur consignera dans son essai L’Exégèse de Philip K. Dick.
Avec des rebelles de Zion qui élaborent leur stratégie dans les cryptes de la ville, de la même façon que les premiers chrétiens se retrouvaient dans les sous-sols de Rome, avec une Matrice qui envoie régulièrement ses Sentinelles pour les traquer, l’œuvre des Wachowski emprunte également à l’imagerie qu’on associe à ces premiers « hérétiques ». Et ce qu’elle en extrait, à un niveau thématique, c’est la question fondamentale de la connaissance, de la gnose, qui ornait l’entrée de la cuisine de l’Oracle : « Connais-toi toi-même ».
Génèse
La confrontation au Démiurge/Architecte apparaît donc comme l’étape nécessaire de la transcendance, les prémices de l’effondrement d’un monde (d’illusions). Dans cette séquence, le choix biblique qui va être soumis à Neo est de sauver l’humanité ou de sauver Trinity. Il choisira Trinity et, en conséquence, la destruction de son monde. Au début de la séquence, l’entrée de Neo dans la pièce de l’Architecte donne lieu à une étrange image de l’espace, avec une étoile en surbrillance. La caméra sort de cette image et nous fait découvrir qu’elle n’est qu’un écran parmi tout un mur d’écrans. Nous avons vu précédemment (voir chapitre – The Matrix has YOU) que ce mur d’écrans était déjà visible dans le premier film, en préambule de la scène d’interrogatoire, et qu’il nous montrait non pas une image de Neo mais des alternatives, tous ses choix possibles. Or, cette scène d’interrogatoire est aussi le premier instant où Neo démontrait son aptitude à la désobéissance en faisant un doigt d’honneur (voir chapitre – Politis). Ce geste, c’est ce que l’Architecte a vu et ce sera la nature de l’épreuve qui va suivre. Neo sera-t-il à la hauteur de ce que le Mérovingien et Perséphone ont cru déceler (voir chapitre – Le Mérovingien) ? Est-il en mesure d’affronter la conséquence d’une désobéissance suprême ?
Si la séquence débute sur une image du cosmos, c’est qu’elle est en soi de nature cosmogonique. Elle souligne, bien sûr, que la pièce de l’Architecte se trouve hors du monde (de la Matrice ou de Zion) et probablement hors du temps. Elle invoque surtout la nature biblique de ce qui va se jouer. Nous évoquions plus haut l’image de Dieu, celle du Sixième jour, du jardin d’Eden et d’Adam. Et c’est bien là que nous nous situons. La scène de l’Architecte est une recréation de l’épisode de la Genèse, où Dieu créa un monde parfait en interdisant que l’on goûte au fruit défendu de l’arbre de la connaissance. Un interdit qui fut aussitôt transgressé, le premier acte de désobéissance de l’humanité, sous l’impulsion du serpent. On se doute que ce fruit défendu, tout comme la pilule de Morpheus, tout comme le bonbon de l’Oracle, doit être de couleur rouge. Et si l’on prête attention à la silhouette et à la posture de Neo dans cette séquence, on comprendra qu’à cet instant, il EST le serpent. C’est cette silhouette élancée et impassible, au regard fermé par ses lunettes, que Perséphone a aperçu dans le miroir (voir chapitre – Le Mérovingien) et qui lui a fait deviner son potentiel. C’est aussi ce que Seraph a vérifié lors de son combat avec Neo en lui expliquant « on ne connaît quelqu’un qu’après l’avoir combattu ». Seraph tire également son étymologie du mot hébraïque (« saraf ») qui désigne le serpent.
Les multiples exégèses, et pas seulement gnostiques, qui ont été faites autour de cet épisode de la Genèse insistent sur la relation ambivalente entre Dieu et le serpent. Car le second est une création du premier, tout comme l’arbre au fruit défendu. Le fait que le Créateur ait choisi de placer cet arbre et ce serpent au beau milieu du jardin d’Eden est une invitation à peine déguisée à la transgression, à l’acte de désobéissance suprême qui fera entrer l’humanité dans sa temporalité. On peut dès lors comprendre que ce que l’Architecte attend de Neo, c’est qu’il fasse le « mauvais » choix, le choix aberrant, illogique, qui désobéit aux règles implacables de la causalité.
Trinité
Tous les « choix » qui sont offerts à Neo dans ces deux premiers volets de Matrix sont marqués par un rapport de dualité : prendre la pilule bleue ou la rouge ; prendre ou ne pas prendre le bonbon rouge offert par l’Oracle ; affronter Smith ou le fuir ; choisir la porte de gauche ou de droite dans la salle de l’Architecte, ce dernier étant vêtu tout de blanc et Neo tout de noir, etc. Cette mécanique révèle la conception binaire de cet univers (« Action/Réaction » dirait le Mérovingien) et la nature mathématique du piège qui enferme tous les protagonistes. C’est la nature du monde illusoire, de la prison, créée par le Démiurge/Architecte sous la forme d’une « harmonie de précision mathématique ». Un monde dont l’Architecte lui-même ne peut contourner les lois.
L’Architecte : « Comme tu l’as compris, l’anomalie est systémique et crée des fluctuations dans les équations simplistes. »
Neo : « Le choix. Le problème, c’est le choix. »
Si le but de Neo, comme le suggérait l’Oracle, n’est pas de faire son choix mais de le comprendre, alors il lui faut dépasser l’équation du 0 et du 1 et atteindre un palier « supérieur », c’est-à-dire non plus binaire, mais trinitaire.
Dans le premier épisode, le baiser de Trinity est ce qui donne véritablement naissance à Neo, à l’anomalie systémique. Et ce que contient ce baiser est quelque chose de parfaitement illogique, instable, que même ses bénéficiaires ne « comprennent » pas et ne cherchent pas à comprendre. Cet amour exclusif qui unit Trinity à Neo n’est pas simplement romantique. Il peut même, par certains aspects, apparaître dangereux. Rappelons que lorsque le peuple de Zion s’adonnait au cérémonial orgiaque et tantrique visant à unir la communauté dans la libération de sa pulsion sexuelle, Neo et Trinity choisissaient de s’isoler et de « faire l’Amour » jusqu’à fusionner en une créature androgyne (visible en fin de séquence lorsqu’ils s’enserrent) qui menace l’ordre de ce monde. Si nous étions gnostiques, nous dirions que Neo et Trinity se sont révélés réciproquement leur étincelle divine, qu’ils l’ont reconnue chez l’autre. En disant cela, nous pénétrons sur les terres mystiques, et même hérétiques, de Tristan et Iseut. Les terres d’un « Amor » aussi exclusif que destructeur qui va bouleverser la mystique médiévale et qui, de chants d’Amor en poèmes en pièces de théâtre (Roméo et Juliette) nourrira la notion d’individualisme du monde occidental. Neo est disposé à détruire le monde pour sauver Trinity et la force de l’anomalie qui les unit génère une troisième voie que ni l’un ni l’autre ne représentait. On retrouve cette « magie » trinitaire au Moyen-âge, à la fois dans la littérature alchimique (les noces chimiques entre le principe mâle et femelle) et dans le mythe arthurien du chevalier dont la lance doit percer entre les deux opposés pour atteindre un troisième point qui est leur source (d’où le nom de « perce-à-val »). Cette image des deux flancs opposés se rejoignant et se mariant en un troisième point qui est leur source, est aussi ce qui constitue le symbole le plus simplifié du Graal : deux lignes qui se rejoignent et deviennent une. Or, l’Architecte a bien reconnu ce principe transcendant que n’ont pas connu les précédentes occurrences de ce couple : « Alors que les autres n’en ont rien tiré de spécial, tu as poussé l’expérience plus loin en ce qui concerne… l’amour. » Il marque un temps d’arrêt avant de prononcer ce mot dont les paramètres échappent à ses systèmes d’équations. Comme le ferait une machine qui ne peut accéder à ces paramètres, il tente de définir le processus qui parcourt Neo d’un terme qui ne peut suffire à le circonscrire : « L’illusion quintessentielle… » Essentiellement humain.
Comprenons bien que, pour l’Architecte comme pour l’Oracle et comme pour tous les protagonistes de ce récit, le choix aberrant que fait Neo, à la fin de cette épreuve, est une victoire.
Revolutions
Une fois passée cette porte, le processus implacablement logique qui a guidé la lecture de ce deuxième volet devient inopérant. Neo s’empresse de briser les chemins (« paths ») que suivaient mécaniquement ses compagnons. Il annonce sans sourciller à Morpheus : « La prophétie est un mensonge. L’Élu ne met fin à rien. C’était un autre système de contrôle. » Il arrête les sentinelles dans le monde « réel » comme s’il était à l’intérieur de la Matrice. Et le spectateur comprend de lui-même qu’il lui faut à nouveau réviser son mode opératoire, qu’il doit dorénavant se fier à la fois à son intuition, à sa logique et… à quelque chose de plus.
Il est intéressant de noter qu’en 1987, le dramaturge David Mamet avait mis en scène, dans son thriller Engrenages (House of Games), une relation très équivalente à celle qui unit Neo à l’Architecte et à l’Oracle. En effet son héroïne se retrouvait prise entre deux « forces », celle d’une collègue thérapeute âgée qui lui sert de mentor et celle d’un séduisant arnaqueur manipulant quasi mathématiquement la fragilité des systèmes de croyances de ses victimes. Tandis que le spectateur oscillait de l’intuition à la logique, à la façon de l’héroïne, il ne voyait pas comment le film agissait sur lui à un troisième niveau. Apparemment, ce que cherchait à construire David Mamet, grand promoteur des travaux de Joseph Campbell (voir chapitre – Le Cycle cosmogonique), les Wachowski l’ont mené à terme jusqu’à reprendre cette même scène sur un banc public entre l’héroïne et son « oracle ».
Ainsi donc, ce « quelque chose de plus », rendu nécessaire par notre dépassement de l’épreuve de l’Architecte, a en partie à voir (mais pas seulement !) avec la pensée analogique. Car la pensée rationnelle, comme son nom l’indique, « rationne », c’est-à-dire qu’elle découpe, sépare et classe les informations. La pensée analogique, elle, regroupe en cherchant des similitudes, des échos, parfois accidentels ou incongrus. On pourrait consacrer des ouvrages entiers à la façon avec laquelle la pensée analogique semble avoir aidé certains primates à devenir des humains ; on se contentera de jouer sur les mots et décréter que, dans l’univers informatique de la Matrice, la pensée analogique dépasse le numérique. Ce qui la met en action est un processus à la fois intuitif ET logique et ce mode opératoire se révèlera absolument crucial à l’approche de Matrix Revolutions puisque toutes les lectures (intra-diégétiques, logiques, thématiques, symboliques, etc.) s’y confondent ou se substituent l’une à l’autre.
À la fin du premier Matrix, Neo est entré en l’agent Smith et s’est « séparé » en lui, devenant d’un côté L’Unique, « The One », l’anomalie systémique à l’amour exclusif et prête au sacrifice ultime ; de l’autre un agent Smith qui se copie lui-même à l’infini, se nourrit de sa haine et de sa frustration et agit comme un bug qui infecte le système. Opposés en tous points, ils couvrent à eux deux la totalité de l’expérience. La toute fin de Matrix Reloaded est un travelling en plongée directe qui relie le visage de Neo à celui de Bane/Smith, le premier avec la tête à l’endroit, le second avec la tête à l’envers, tous les deux ensommeillés, avec des électrodes sur les tempes qui semblent ausculter leur esprit. Si, à cet instant, le spectateur n’est pas disposé à ouvrir en grand les vannes de toutes les intuitions possibles, des divers paliers de déduction et de toutes les idées a priori incongrues, il aura bien du mal à reconnaître le lien imprescriptible qui lie ces personnages et qui, de retour à la Source, rendra leur fusion (et leur mort) inévitable.
Matrix, plus largement
La video ci apres est partagée pour son analyse (pas pour sa pub à la fin)