Envisager un pardon (laïc)

M à j : nov 2024 b

Le pardon militant

Avant d’expliciter le pardon auquel je me réfère (un pardon non religieux), je souhaite préciser d’entrée ceci :
Pardonner n’empêche pas de combattre un envahisseur, un abuseur, un adversaire dangereux.
Ne pas pardonner ne fait gagner aucun combat.

Pardonner n’affaiblit pas. Une excellente illustration est le personnage de la mère de Caféus dans la série Sense 8 : elle « n’a aucune place pour la haine dans son cœur », mais elle est une redoutable protectrice de son fils.
Ce qui affaiblit est notamment la fuite ou un déni incessants.
Ce qui renforce est une action juste le cœur débarrassé de toute rancune stérile.

La phrase Anonymous « Nous ne pardonnons pas » est stérile à mon sens.
Idem avec celles et ceux qui ne veulent jamais pardonner les auteurs d’un génocide, ou d’une bavure policière sur un seul individu :
cela rend-t-il l’armée et la police meilleures ?

Je crois même que l’absence de pardon paralyse l’action. Certes la colère peut servir à radicaliser quelques militant.e.s, mais elle tend à les isoler du reste du monde. Et surtout, elle justifie l’inaction :
dire « de toutes façons le gouvernement est une bande de #!@#:@#/@ », « la société est de la m*rde », etc. est vrai depuis un certain point de vue, mais n’aide en rien à dépasser ladite situation.
Ce qui aide me semble plutôt être :
la remise en question personnelle (le miroir),
la quête de justesse,
la quête de vérité,
et la coopération qui s’inscrit parmi des personnes qui font avant tout leur propre travail intérieur de guérison.
Cela revient à dire que la pseudo coopération obtenue par une hiérarchie sévère, par peur d’un adversaire créé de toutes pièces, par mépris, par guerre aux dogmes répandus polluant les cerveaux, … est une fausse coopération et une vraie dynamique grégaire* qui conduit précisément à la société dans laquelle nous nous trouvons :
individualisme pollueur, confusion entre la charité et la coopération ou entre la domination et la coopération, confusion entre sauveur et assassin, clanisme familial conduisant à une surpopulation**, dogmes grégaires diabolisant nos messages intuitifs…
Rien ne sert de haïr l’humain immature ; et rien ne sert de renoncer à murir.

*Cette phrase signifie que nos cultures créent des ennemis imaginaires pour justifier des guerres, pour imposer un leadership autoritaire de survie. Ce stress permanent crée un impératif de société utilitaire pour survivre, et cette société dans laquelle un rôle utilitariste est attendu de chacun ressemble à de la coopération car tout le monde est sollicité (de gré ou de force). Mais c’est très loin de fournir les bienfait d’une coopération réellement basée sur un élan du cœur.

** »clanisme familial conduisant à une surpopulation » signifie : tant que des esprits se voient exister en tant que membre d’un groupe d’appartenance, en concurrence avec d’autres cultures, le concept de famille subit ce même état d’esprit et devient un prétexte pour faire beaucoup d’enfants, dans le but (pas nécessairement conscient) de privilégier son camp, sa famille. Cela est un facteur probable de la #surpopulation et de ses conséquences désastreuses -notamment environnementales et guerrières.
Le pardon autour des divisions et des peurs enseignées très tôt un peu partout, peut venir rééquilibrer cette vision au profit d’une attention bienveillante pour toutes les vies -rendant par là même le besoin de faire « ses » enfants moins impérieux -car le besoin de faire mieux que les autres clans est lavé par le pardon civilisationnel, une vision d’humanité réconciliée peut s’installer.

Le pardon énergétique

Je comprends le pardon comme l’intention sans équivoque de ne plus entretenir de ressentiment, ni de désir de vengeance, ni de culpabilité ; mais pas seulement…

Après avoir ressenti l’effet de différents comportements de ma part, j’observe que le pardon (tout du moins se mettre en mouvement dans sa direction) se révèle être un acte puissant de libération, que l’on s’offre à soi-même.

Le pardon procure une possibilité de récupérer de l’énergie : celle qui avait été immobilisée dans une accumulation de haine, ou dans une habitude de décerner des torts et des mérites. Cette énergie peut alors spontanément se rediriger vers de la guérison, dans de l’aide à autrui, ou dans une action efficace.

La #rancœur, même inconsciente, ne donne pas d’énergie. Elle fait « crédit » de l’énergie de la « rage » du désespoir, mais elle épuise en retour (paiement des « mensualités du crédit »).

Que / qui pardonner ?

On peut diriger le pardon vers autrui mais il me semble précieux de savoir le diriger vers nous-mêmes : vers la manière dont nous avons réagi à une situation.

Nous pardonner notre haine de Dieu ? S’il existe en nous une haine de (ce) Qui a causé notre incarnation sur Terre (selon les croyances de chacun.e), autant la regarder en face (et la lâcher quand on est prêt) que la dénier (ce qui pourrait la transformer en son contraire : une adoration hypocrite).

On ne tourne pas la page d’un conditionnement multi séculaire en une seconde. Cela vaut pour les vieux raisonnements politiciens sécuritaires, l’attente d’un sauveur, mais aussi pour notre machisme, nos blagues douteuses, notre xénophobie en général…
Accuser, haïr, engeôler, amender (autrui ou nous-mêmes) au moindre faux pas, ne crée pas la paix.
L’équité entre humains ne peut pas résulter d’une loi imposée mais d’un processus de maturation de chacun.e.

Si nous avons une intention de non-violence, sachons nous pardonner les croyances et les actes violents résiduels -ce qui ne veut pas dire renoncer à évoluer.

Ce que le pardon n’est pas

Pardonner n’a quasiment rien à voir avec s’apitoyer.

Le rapport entre le pardon et le renoncement concerne le renoncement aux actes insensés, et non pas l’abandon de ce qui est réellement précieux pour l’harmonie de nos vies et de l’Univers.

Suggestion : #pardonner à partir d’un élan nous mettant en joie : pardonner sans nier ce que l’on réprouve : l’orgueil pourrait nous faire sentir supérieur (de savoir pardonner à autrui).

Pardonner sans le désirer, ou sans le pouvoir (en état de guerre intérieure), reviendrait à suivre fanatiquement un dogme.
Approuver quelque chose que l’on réprouve pourrait affaiblir l’ego, l’obligeant à pardonner parce qu’il faut, ou parce que c’est bien, sans que cela ne réponde ni à un besoin, ni à une aspiration. L’ego s’inclinerait par simple acte de survie.
Les attaques contre notre ego nous desservent -Ce qui ne signifie pas renoncer à transcender notre narcissisme et individualisme forcenés.

NB. Je reste prudent quant à ma compréhension du processus de pardon : je ne sais pas vraiment où il débute, où il finit, ni qui ou quoi agit (inconsciemment).

Exemples personnels

Papa, je te pardonne de t’être peu et mal occupé de moi, à de nombreux moments, et je me pardonne de t’avoir jugé (donc réduit à un seul aspect de ton action parentale).

Maman, je te pardonne de m’avoir pesé avec ta dépression et tes peurs, et je me pardonne de t’avoir jugée (donc réduite à un seul aspect de ton action parentale).

Papa, maman, je vous remercie d’avoir été là pour moi.
Je vous pardonne de m’avoir mis au monde dans un tel monde, à moi de m’y être incarné, et je nous remercie pour avoir toujours fait de notre mieux, et merci à tout ce qui a été aidant en moi -bien que je ne connaisse pas précisément tout ce qui m’a aidé dans mon inconscient..

Je me pardonne d’avoir douté de la vie au point de croire tout et n’importe quoi de culpabilisant que certains adultes, notamment mes enseignant.e.s de catéchèse, m’ont proféré. Je vous le pardonne et me pardonne de vous avoir jugé (détesté au point de ne plus voir que vous aussi vous recherchiez l’Amour et l’Agape -même si vous en paressiez si éloignés.

Je me pardonne d’avoir privilégié un sorte de confort matérialiste atrophiant et polluant, au détriment de l’aventure vivifiante de la vie.

Je me pardonne de travailler pour une association subventionnée par l’État et autres collectivités, et par conséquent d’être rémunéré, même indirectement, par l’autoritarisme. Je fais de mon mieux pour équilibrer la balance éthique de mon implication sociétale et travaille à trouver un emploi encore plus éthique.

Je me pardonne d’avoir été client et employé de la grande distri, symbole de la concentration horizontale du pouvoir capitaliste destructeur. Je fais de mon mieux pour échanger de manière éthique avec les personnes dont j’ai besoin du talent ou du produit.

o0o

Voici un autre exemple personnel, au croisement du pardon et de l’outil miroir.
Par peur de rentrer en guerre intérieure microbienne, il m’est arrivé de ne pas prendre les médicaments antibiotiques réellement aidants dans la situation dans laquelle j’étais.
Certes, je continue de croire que mon attitude mentale, émotionnelle et corporelle sont mes meilleures options d’hygiène préventive ; mais faire reposer toute ma guérison sur les outils miroir et libération émotionnelle fut une expérience que j’ai subie de la part de mes propres limites intellectuelles.
Pour guérir j’ai non seulement pardonné tout ce qui était relatif à mon infection -le microbe aussi-, mais pris l’antibiotique requis.

Peut-être un humain plus sage que moi sait guérir sans recourir à un médicament, de par sa seule énergie circulante harmonieusement en lui ; mais il est facile de se croire plus sage qu’on ne l’est.

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