Le mythe du juste #marché

Le commerce planétaire est facilité par l’argent, et diverses lois. Par endroits, l’économie se résume à « Si tu veux vivre, tu paies ; si tu veux pouvoir payer, tu trimes ; celui qui a plus d’argent que toi est ton maître. Celui qui a plus d’argent a eu de la chance ou des stratégies payantes ».

Le film le plus simple qui me semble le mieux décrire métaphoriquement les enjeux économiques vitaux est « Time out ».

Par endroits, d’autres idéologies existent, conduisant à de l’entraide désintéressée, un prix libre et conscient, des échanges bienveillants…

Notre culture de l’accumulation a des conséquences même dans des aspects subtils de nos vies.
Par exemple, elle favorise les doctrines alimentaires basées sur l’évitement des carences, en surconsommant de tout, plutôt qu’en misant sur moins d’aliments −mais en synergie.

Cependant, je ne m’explique pas pourquoi elle ne provoque pas une révolte massive face à la dramatique obsolescence des produits mis sur le marché : à quoi bon accumuler des objets prêts à jeter ?

Notre valeur existentielle ?

Nous assumer économiquement est devenu un rite de passage à l’âge adulte. L’aspect émancipateur est ne plus dépendre des parents, de tendre vers un équilibre « donner / recevoir ».

Mais il y a un message subliminal envoyé à l’inconscient par la même occasion :
« je ne vaux rien intrinsèquement, puisqu’on me dit que je vaux ma capacité économique ».

→ Reconnaissons nos talents, notre existence (même sans aptitudes valorisées par la société).

o0o

Est-ce que j’achète à un prix / ou vends à un prix…
° qui correspond à mes ambitionbs
° qui me cantonne à la survie
° qui entretient la théorie du juste prix
° qui est fixé par une autorité extérieure
° qui me place en compétition
° qui exalte mon goût du risque
° qui me rassure

?

L’argent est-il un bien commun ?

Pas si le mot « commun » désigne des richesses telles que l’air, la terre, l’eau, des forêts millénaires dans lesquelles tant apprendre, respirer, se ressourcer, etc.

Bien que les pouvoirs d’achat entre les humains ne soient pas les mêmes (depuis certains qui peuvent acheter des îles entières et des armées, jusqu’à d’autres qui n’ont pas de quoi survivre), tout le monde peut se servir de l’argent.

A se demander si même en utilisant la même monnaie, on joue vraiment au même jeu économique ?

Ce n’est pas être membre égalitaire de la communauté de l’argent que de posséder des milliards, ou bien des centimes.
Le désir de fraternité planétaire reste insatisfait (puisque l’argent, et les disparités de possessions, érigent des murs).

En attribuant à tous un but d’apparence identique (gagner de l’argent), et un outil en apparence commun, la société simule une fausse communauté d’intérêts convergents, retardant ainsi la conscience du besoin d’une vraie fraternité humaine :

tant qu’on se croit membre à part entière d’un même système planétaire, il est difficile d’imaginer comment s’en extraire.

  • Payer, ou vendre, permet-il de nourrir notre sentiment d’appartenance à une communauté humaine ; ce sentiment repose sur quoi d’autre ?

La #comptabilité sert-elle réellement à autre chose qu’à faire croire aux populations que l’argent existe (puisqu’on le compte minutieusement), tandis qu’ il est virtuellement fabriqué à partir de rien, et sert des intérêts opaques totalement hors de connaissance, a fortiori de portée, des populations ?

Amour et #argent :

l’argent n’est pas responsable de tous les maux. Par exemple, si une famille se dispute un héritage, c’est la conséquence d’une situation globale. La soif d’argent a probablement occupé la place vacante de l’amour.

Le film « Divergente » se situe dans un futur imaginaire dans lequel il n’y a pas d’argent. Ce n’est qu’une fiction, mais elle m’aide à comprendre que l’argent est probablement davantage un symptôme qu’une cause de nos maux sociétaux.

Le mythe du juste #échange

Le prix libre et conscient est un progrès incommensurable par rapport à l’habituelle dictature du prix figé (et sa devise implicite : paie qui peut, meure de faim qui ne peut pas payer).

La monnaie locale ou libre est un intermédiaire intéressant.

Nous venons d’aborder l’idée que tant que l’on compte (au lieu de pouvoir donner), il demeure un état d’esprit de comptabilisation.

Pour aller plus loin, je souhaite mettre en lumière le mythe du juste échange.

Il consiste en la croyance qu’il existerait un juste montant de transaction (par argent ou par #troc), qu’il s’agisse d’un montant imposé (prix figé), ou libre.

C’est un mythe, car la satisfaction autour de l’échange ne provient pas de ce montant.

En effet, prenons le cas du vendeur. Iel reçoit la somme dont il avait besoin ou envie, en échange de son produit ou service, et il est content.

Mais il n’est pas content parce qu’il a reçu cette somme !
Il est content parce qu’auparavant il a effectué toutes les démarches intellectuelles suivantes :
1. Apprendre des le plus jeune âge que tout à un prix.
2. Apprendre qu’il y a des riches et des pauvres, des gagnants et des perdants.
3. A partir de l’estime de lui même, il se constitue une estime de soi marchande (il fixe le seuil de bénéfice pécuniaire qu’il estime juste vis à vis de la taille de son ego marchand).
4. Lorsque survient la vente qui lui attribue la somme voulue, il est content car il a réalisé son plan.

La somme échangée n’est qu’un déclencheur (et non une cause) d’une satisfaction provenant d’un long conditionnement collectif, ensuite subjectivement personnalisé, en vue d’occuper une place hiérarchisée dans une image mentale que l’on s’est créé.
Et l’image mentale la plus réaliste de la société (jusqu’ici) est une banalisation des écarts de richesse, et une association bonheur = honneur = richesse.

Cela est culturel. D’autres schémas cognitifs et émotionnels, ou pas de schémas, pourraient être créés et intériorisés.

C’est un axe culturel transversal entre athéisme et religiosité :
d’un côté l’argent n’a pas d’odeur (d’âme) et de l’autre côté, les dogmes invitent à compter des points (de karma, ou pour aller au paradis…)
Il s’agit donc d’une gigantesque montagne culturelle.

Les conséquences ce ce mythe sont multiples :

@ confusion entre affect (peine ou joie, honte ou honneur) et montant d’argent perçu ou débité.
Ce qui prépare le terrain idéologique des mariages arrangés, de la prostitution, de la dépendance financière aux parents (même quand ces derniers sont maltraitants).

@ échec des tentatives de sortie du système financier international : tant que les ressorts affectifs profonds ne sont pas identifiés, ils ne peuvent pas être dépassés, quand bien même on développe une super monnaie libre, le micro crédit, l’économie circulaire, le salaire à vie, ou d’autres outils.

@ Préparation du terrain idéologique pour les négociations de compensation taxe carbone, et autres pillages de la nature faussement justes. (Le mythe du prix juste prépare le terrain de la croyance qu’on pourrait racheter ce que l’on détruit).

@ Le concept de liberté part d’un mauvais pied : ce mythe aide à confondre la liberté d’être soi-même, avec la liberté d’entreprendre n’importe qu’elle industrie néfaste sous prétexte que le marché lui donne justification (fausse idée répandue que « si on me l’achète à ce prix, c’est que le besoin existait, et que le prix est juste).

@ frein à la compréhension de pourquoi parfois on est en relation avec plein de gens chouettes, de thérapeutes compétents, d’ami.e.s fidèles… et néanmoins on ressent un malaise relationnel, un vide existentiel, voire une compétition absurde, dans nos relations.

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Difficile de faire confiance à un.e thérapeute pour nous aider à nous libérer de quoi que ce soit, si cet.te thérapeute est empêtré iel-même dans une illusion et entretien le mythe avec des fables du style « l’argent n’est pas sale, c’est de l’énergie, j’en exige le juste montant que vaut la qualité de mon soin) ».
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$ faux : l’argent sert bel et bien à la guerre et à la destruction de la nature, et même les belles réalisations sont taxées pour la guerre (au sens large du mot guerre).
$ si ce thérapeute a tant d’énergie qui le traverse, accessible en payant le prix fort, peut-être est-iel avant tout un convertisseur d’euros en Chi ? hahaha


Difficile de se sentir vraiment relié d’amitié si l’un ou l’autre des amis n’a pas ses besoins vitaux assurés, et si on est en compétition sans même pouvoir le comprendre et l’exprimer, par soumission à (ou intégration de) ce mythe.
Le mythe est l’un des freins au rapprochement des cœurs.

@ L’État semble juste, avec son impôt.
La Justice vénale semble juste avec ses amendes.
Le remboursement d’un produit défectueux semble juste (et ne questionne pas pourquoi l’obsolescence est voulue et permise).

@ Des programmes sociaux qui ne résolvent rien car ils interviennent à un niveau postérieur au formatage culturel nocif (comme mettre un logiciel de gauche sur un système d’exploitation de droite, dans un ordinateur).


Tout cela sont des conséquences du mythe.
Ce sont donc des réalités dépendantes d’une croyance collective.
Si la croyance disparaît, d’autres conséquences se mettront en place.
Pas nécessairement meilleures ou pires : cela dépendra de si on remplace le mythe par un autre mythe, ou si l’on apprend à vivre avec moins d’attachement aux mythes.

L’enjeu économique est peut-être de retrouver notre pouvoir naturel de gratitude, notre capacité à bientraiter l’autre comme nous-mêmes, et de vivre en paix pour cause de satisfaction générale.

En théorie c’est simple de sortir du chaos : on se pose, on observe les peurs infondées à l’œuvre en nous, on saisit la sagesse et la joie qui se cachaient derrière, et alors on saura quoi faire.

Nous pouvons utiliser l’argent quand c’est strictement nécessaire (garder une relative simplicité de vie, rester généreux lorsque c’est juste)