voici le texte du 5ème épisode
Salut à toi mon ancêtre !
Je viens du futur et je suis enthousiaste à l’idée de te raconter l’époque dans laquelle j’ai vécu.
épisode 5 v1.1
Je m’adresse à toi pour réenchanter ton imagination des possibles.
Accepter ton présent, physique, relationnel, et métaphysique, me semble un passage pour pouvoir éclore et inviter l’harmonie.
Ce que je te raconte est seulement un aspect de mon époque.
Il existe une telle liberté et auto responsabilité de mes contemporains, que je ne te relate qu’un aperçu.
À mon époque, nous nous sommes massivement mis à refuser de perpétuer les traditions qui invitent
au combat ou alimentent la peur de l’enfer ou d’une colère divine ou qui ostracisent des personnes.
Plus personne ne risquant de devenir intégriste dangereux,
nous avons été plus nombreux à apprécier les gens de cultures différentes.
Gratitude pour chaque ancêtre et pour chaque forme de pensée antérieure.
Certains croyants ont préféré mettre leur culte de côté le temps de tout repenser.
Notamment ceux qui confondaient nature et culture (et qui affirmaient « c’est contre nature » au lieu de « c’est contre les croyances auxquelles je veux croire »),
ceux qui confondaient la parole de Dieu et supposition de ce que serait la parole de Dieu.
ceux qui confondaient paix et conformisme (donc servaient le dessein de convertir le plus d’humains possible).
Les êtres qui pratiquaient déjà une religion uniquement dans une libre ouverture de cœur,
sans soumettre les enfants issus de leur amour charnel, sans guerre nataliste ni idéologique…
ceux là ont joyeusement continué.
Toute notre vie a revêtu un caractère proche de ce que tu nommes sacré :
Par exemple, je peux traverser une rivière à la nage (ou sur un pont) et ressentir le message que renferme l’eau depuis la montagne, c’est une forme de communion.
Ainsi, puisque l’humanité lâchait des millénaires d’état d’esprit « les miens d’abord »,
puisqu’on cessait enfin de ravager le biotope pour cause de surpopulation d’un côté
et pour cause d’opulence d’un autre :
on a regardé l’autre comme étant nous-mêmes.
Tu as ton propre chemin d’expérimentation à parcourir ;
la qualité de ton intention à ce sujet peut grandement t’aider à avancer harmonieusement,
ainsi que la manière de te relier à tout et Tout.
La reconnexion avec l’amour inhérent à la vie aurait pu conduire à une catastrophe démographique. Mais deux choses au moins nous ont évité cela :
D’une part, un grand nombre de jeunes ont annoncé
qu’ils ne voulaient plus faire d’enfants tant qu’il y aurait sur Terre
des enfants maltraités, mal nourris, ou trop gâtés, contrairement à leur volonté.
D’autre part, notre rapport aux éléments, aux énergies nous constituant et nous entourant,
a élargi notre ressenti identitaire, rendant moins (op)pressante
l’envie de faire perdurer nos égos au travers d’une descendance.
« Enfanter ou pas ? », à ton époque, est un sujet qui cristallise tout à la fois
le problème de l’illusion de propriété
et la peur des autres en dehors du cercle familial.
Il y a eu une période durant laquelle à la fois les formes alternatives de parentalité s’expérimentaient,
et à la fois de vieux réflexes conservateurs se rigidifiaient.
A ton époque cela aurait été un prétexte de guerre orchestrée par une oligarchie ploutocrate insatiable.
Heureusement, nous avions déjà bien avancé notre culture de co-création sociétale pacifique,
même en l’absence de consensus ; de sorte que nous avions restauré le sentiment
d’être tous valables et dignes de vivre.
Beaucoup sont partis expérimenter concrètement des alternatives décroissantes.
Des alternatives qui existaient déjà à ton époque, en certains endroits :
des écolieux variés, accueillants pour tous, et interagissant avec le reste de la société.
Celui où je passe le plus de temps (et pour ne parler que de l’aspect familial),
comporte 71 habitants-parents, dont seulement 6 géniteurs, et nous accompagnons 14 habitants-enfants.
Ils sont en contact avec les enfants des lieux voisins, et bien au-delà.
Les jeunes générations ont construit de multiples associations créatives
(un peu comme ce que tu nommes l’éducation populaire), de multiples foyers concrets et bienveillants, pour que tous les enfants à des kilomètres à la ronde puissent choisir de rester dans leurs familles
ou de rejoindre (ou rejoindre une partie du temps) de nouveaux foyers,
lorsqu’ils ressentent le besoin de fuir le souvenir d’une maltraitance, d’un entre soi restreint,
ou simplement lorsqu’ils se trouvent en âge de diversifier leurs explorations de la vie en société.
Comme aucun enfant n’est obligé de rester dans un endroit maltraitant,
il n’y a plus de foyers maltraitants.
Les enfants traumatisés ont pu librement rejoindre d’autres familles ou les foyers de leur choix,
mais la plupart des enfants ont voulu garder une excellente relation avec leur foyer de naissance.
Ce fut la fin des ségrégations par tranche de revenu, par couleur de peau, par croyance…
Je ne suis pas en train de te raconter une époque sans forces antagonistes à l’œuvre.
Elles existent, mais affectent peu notre équité sociétale.
En te rendant visite à ton époque,
j’ai une sorte de vertige en constatant que votre économie capitaliste, vos divers groupes de pression,
et l’autorité parentale -aléatoirement d’aplomb-
décident quels enfants seront bien-traités ou maltraités.
Plus personne ne se force à faire des enfants pour devenir une personne respectable,
car tout le monde est respecté.
Nous tombons amoureux, mais aimons rester en lien avec des communautés humaines
Quand je parle de communauté, c’est juste une fréquence plus élevée avec laquelle
des personnes s’entraident et cheminent ensemble.
Est-ce qu’il y a des lois qui interdisent de faire trop d’enfants ?
Non. Une telle idée serait logique à ton époque, mais plus à la mienne.
Nous ne laisserions pas une loi dicter comment on doit penser la vie, ni combien on doit procréer.
On n’a jamais décrété qu’il y avait trop d’enfant ; on a simplement été une quantité inédite à penser la procréation avec fraternité et sagesse, en conséquence de l’évolution de notre conscience.
A mon époque on trouve des personnes
qui veulent avoir beaucoup d’enfants.
C’est ok !
Ce qui a changé,
c’est qu’il n’y a plus de pression familiale,
étatique, religieuse, clanique…
Et beaucoup de personnes,
au vu de la situation environnementale,
s’abstiennent de procréer.
Mais surtout, ce qui change,
c’est que ces deux opposés collaborent :
ceux qui enfantent se replient très rarement dans
“leur” famille, mais s’organisent
avec ceux qui n’enfantent pas,
et c’est toute une communauté bienveillante
qui se crée autour des enfants.
Autour des personnes âgées aussi !
plus aucun couple ne veut procréer pour des motifs de lignée de sang, de peur de vieillir seul,
de ressentir un vide existentiel, ni même de pression sociale :
une solidarité intergénérationnelle a mis fin à la solitude de la vieillesse, et la vie de chacun.e est assez riche intérieurement et relationnellement pour ne plus devoir procréer pour se sentir exister.
Les enfants sont conçus dans un élan de joie et de sagesse, notamment celle consistant
à maintenir les espaces sauvages naturels, sans créer de surdensité en ville non plus.
A ton époque cela pourrait faire croire que réduire menacerait l’avenir de l’humanité.
Mais as-tu observé où te conduisent tes certitudes ?
La cadence des naissances a baissé. Les guerres ont cessé, car nous ne sommes plus en compétition permanente, et nous communiquons à un tel niveau que le mot “fraternité” a enfin pris tout son sens.
Il est devenu courant que les enfants jouent, apprennent, dînent ou dorment tantôt dans leur famille, tantôt dans une autre. Sans parler de diverses formes de fêtes intergénérationnelles respectueuses de chacun.e, assez souvent, et un peu partout.
Par exemple, en Bretagne, les nouveaux et sobres Fest-Deiz et Fest-Noz sont très appréciés.
Mais on n’a pas tous les mêmes centres d’intérêt. Comme à ton époque.
Il s’est passé avec le concept de famille, la même chose qui s’est passée avec les médias :
à ton époque, une part de la population est rebelle contre la famille traditionnelle. Elle croit s’être libérée de ses aspects idéologiques nocifs et mène une vie débridée qui ne la rend pas pour autant heureuse. Ce n’est que lorsque nous avons néo-pardonné à tours de bras, que nous avons tracé notre chemin le coeur léger. Je dis néo-pardonner pour ne pas confondre avec le concept de pardon de ton époque, qui est souvent compris dans un sens partiellement adéquat seulement.
Avec toutes ces libertés, a-t-on créé encore plus d’enfants rois ?
Pas du tout, parce les gens ont aussi compris que tout ce que nous consommions nous enfermait et nous rendait dépendants.
Les enfants ne se sont pas mis à fuir dans les paradis artificiels, les jeux vidéos ou le consumérisme. Ça, c’est ce beaucoup faisaient dans le monde d’avant, dans ton monde, mon ami.
Les jeunes et autres bien portants se sont retroussés les manches, ont nettoyé les rivières polluées, replanté des arbres, créé de la solidarité directe pour tous, pour qu’aucun être ne soit abandonné ni laissé pour compte ni privé d’attention, à cause d’une administration avare, d’une organisation dictatoriale du travail, d’un entre-soi, ou d’une mauvaise récolte…
Nos jeunes entreprennent de nombreuses quêtes spirituelles, en voyageant :
ils ne voyagent plus grâce aux films, et utilisent très très rarement les polluants avions :
ils partent souvent à l’aventure à pied ou en bateaux, souvent accompagnés d’animaux libres de partir ou de rester. Il vont au devant de leurs synchronicités,
faisant étape dans des communautés complètement différentes des leurs.
Ils se forgent une âme qui chemine, et non pas un esprit errant devant un écran.
Dans ma jeunesse j’ai parcouru toutes les courbes de la Terre.
Je ne restais à un même endroit que le temps d’aider une récolte de temps à autre.
Il est nécessaire et agréable de nous entraider pour que tout le monde mange à sa faim, puisse mettre les mains à la Terre, sans pour autant empêcher le voyage.
Aujourd’hui je me suis établi dans une zone sèche ; avec mes compagnons de vie,
on accueille beaucoup de jeunes qui viennent des tropiques humides.
Ils découvrent le silence du désert,
on les initie à de nouvelles formes de méditations.
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musique, images, montage : Barthélémy
intuitionaction.org
Crédit dessins :
(artistes n’ayant pas participé au scénario)
Andres-Producer
brokenteapotstudios
goshtalleycat_dj (black characters and city)
Lunaflows7 (elfes)
Titoesalvaro (the stargate)
wildhunt78 (elfes)
Yashamon (the village tree)