La justesse


et l’éthique

La justesse n’est pas que ce qui est vrai −par opposition au faux−, ni ce qui est bien −dans une notion de mérite, de points pour le paradis, ou de justice…
Dans ce livre, elle désigne ce qui est adapté à un moment donné, pour être cohérent avec soi-même et avec la vie, pour construire (et non détruire), pour se sentir en joie authentique.
Par exemple, une note de musique est juste, si elle a la fréquence souhaitée à tel moment de la partition, fausse à un autre moment (sans constituer pour autant une injustice, ni un affront).

La justesse n’est pas l’opportunisme (basé sur les apparences et sur le matérialisme) ; elle transcende la connaissance mentale du bien et du mal.

La justesse est-elle la conséquence d’un alignement de notre être avec notre conscience supérieure −reliée à une conscience universelle−, lorsque notre « cœur » est apaisé (apaisé pour ne jamais servir un désir sombre −par exemple une vengeance) ?
C’est un peu comme cela que je me l’explique, mais cette explication faisant référence à tant de concepts non démontrables, je préfère rester en mode interrogatif (non seulement dans le livre, mais surtout en moi-même, pour continuer d’observer et d’apprendre).

Une démarche empirique me semble prudente : apprenons à écouter notre intuition, notre justesse, peu à peu, afin d’observer finement les conséquences de nos actes, selon que nous avons écouté l’orgueil, la loi ou la morale apprise, l’intuition, une pensée inopportune…

La justesse est éloignée de la casuistique des scénarios romancés* ou de celle des tribunaux, car elle n’est pas dirigiste à propos du sort des autres** : elle concerne notre*** sentiment.

Puisque la justesse et la justice peuvent nous échapper, agissons avec prudence : ne tuons pas, ne blessons pas, ne maltraitons-pas. Que nous nous appuyions sur une morale, sur la loi, ou sur l’intuition, l’intention de ne pas nuire et de nous inscrire dans le mouvement de la vie, est porteuse de sens.


*Un.e citoyen.ne qui agirait comme un.e héros-justicier de série télévisée, donc souvent hors la loi, aurait davantage de probabilités de finir en prison que de sauver le monde.

**Puisque ce qui distingue la justesse de la justice est très mince, comment être sûr.e.s que nous ne laissons pas notre orgueil-justicier nous faire croire à tort que nous aurions raison (notamment à propos d’autrui) ?

***Chaque personne a son propre niveau de conscience et donc de responsabilités. Peut-on en déduire qu’elles ont donc légitimement un autre niveau de liberté ?

o0o

Les lois sociales sont-elles éthiques ?

Derrière chaque loi sociale, il y a un abus pénal potentiel.
Par exemple, un employeur peut être dévoué, moins bien payé qu’un employé, et néanmoins se faire attaquer et perdre aux Prud’hommes, parce qu’il a mal respecté l’un des innombrables formalismes.
Dans le même temps, un autre employeur assez riche pour disposer d’un département juridique efficace, continuera de flirter avec la frontière de l’exploitation humaine, car il saura se tenir du bon côté de la ligne.
La formalisation législative des « dû », ne semble pas un progrès vers la paix, pas dans la mentalité vindicative qui anime cette société.

L’éthique dont je rêve proviendrait d’une sagesse authentique et non d’une peur d’une punition.
L’écrasement d’autrui, militairement, psychologiquement ou législativement, semble plutôt nourrir la frustration et le désir de revanche.

NB la création d’un dû n’est pas le propre des lois sociales : le capitalisme banquier est entièrement fondé là dessus : chaque somme d’argent représente une dette, un dû.
Si j’ai évoqué l’incohérence éthique des lois sociales, c’est parce que j’ai de la sympathie pour les intentions qui ont précédé ces lois, et que je veux alerter sur les effets d’une solidarité réduite à des lois coercitives.
Le principal créateur de dettes et de violences reste le système socle sur lequel ces lois veulent se greffer, et ce système est lui-même intégré dans notre éducation « œil pour œil », et dans notre conception binaire et matérialiste de la société, excluant diverses conceptions horizontales.

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