Vision en #miroir .4. Les limites de l’outil
NB. Cette page conclue les trois pages initiées ICI
Attention aux excès d’auto-analyse : les individus d’une même espèce animale ont de nombreuses ressemblances ; il est donc toujours aisé d’en trouver une, sans que cela n’ait un sens particulier.
La question que pose l’indic, par exemple « une agression subie est-elle la conséquence d’une agressivité latente en moi ? » est seulement une opportunité de s’observer soi-même, depuis un nouveau point de vue, afin de comprendre une symbolique nous affectant, et de pouvoir choisir de réajuster / maintenir / lâcher des croyances sur nous et sur la vie.
Dans une compréhension culpabilisante du monde, on pourrait penser que les événements de la vie seraient des punitions ou des récompenses, en fonction de nos choix. Je ne partage pas une telle opinion.
Si quelqu’un venait me dire « tu as subi cette agression parce que tu ne te respectes pas », je pourrais lui répondre : « tu t’occupes de juger ma vie, mais pourquoi ce qui vient de m’arriver semble t’affecter autant ? »
Prenons la métaphore d’un véhicule solaire dans une rue recouvertes d’arbres (le feuillage bloquant l’accès direct à l’énergie lumineuse). Un peu plus loin sur le bord, toutes les vitrines de la rue lui réfléchissent de la lumière ; ces vitrines procurent donc de l’énergie à la voiture pour avancer. Mais ces nombreux reflets peuvent éblouir, faire perdre de vue la route, s’ils surgissent de toutes parts.
De même, les situations que nous observons hors de nous, nous fournissent des informations précieuses pour évoluer et avancer (parce qu’elles semblent réfléchir notre intériorité). Mais un désir d’hyper contrôle de ces nombreuses informations, à un rythme inapproprié, peut semer de la confusion.
Le but de l’outil indic n’est pas d’embrouiller notre intellect avec une surcharge d’hypothèses, c’est seulement de faciliter l’émergence de ressentis profonds ; et pour y parvenir, de contourner certaines habitudes culturelles de désigner des fautifs (cette attitude servant à éluder la richesse spirituelle et émotionnelle des événements que nous traversons et qui nous « travaille » à l’intérieur).
A trop chercher le « pourquoi », nous passerions à côté de l’essentiel : ressentir et accepter. Ressentir notamment le message émotionnel de la situation, qui nous offre une compréhension beaucoup plus profonde et chaude que la compréhension intellectuelle et froide.
Autre exemple pour inviter à NE PAS conclure a priori à partir du concept de l’indic : si nous constatons que personne ne nous aide, cela pourrait signifier :
° que nous ne nous aidons pas (par exemple, que nous agissons contre notre propre intérêt, en critiquant autrui au lieu de l’accepter tel.le qu’iel est).
° que nous n’aidons personne (et personne ne nous aide en retour).
MAIS CE N’EST qu’un axe de réflexion, et non pas une conclusion : si personne ne nous aide, cela peut provenir de multiples autres causes, par exemple que personne ne soit en mesure de nous aider, que nous refusons l’aide, que nous n’en n’avons pas besoin, que nous ne savons pas voir celle reçue, que nous avions fait un vœu (voire une demande explicite) de toujours nous débrouiller par nous-mêmes…
Autre exemple pour inviter à élargir la réflexion au-delà de ce concept : supposons que j’aie le sentiment que mes amis soient non sincères. Je ne suis pas obligé de limiter ma réflexion à « suis-je moi-même faussement amical (envers moi-même et envers les autres) ? » La réflexion peut se poursuivre :
Pourquoi est‑ce que je cherche des amis ?
Comment est‑ce que je traite les gens qui ne sont pas identifiés comme étant amis, donc en quoi suis-je adorable ou détestable avec les gens en général ?
Aurais-je des amis dont je ne me rends pas compte, donc quel est mon niveau de lucidité ?
Est‑ce que je ne sais pas trouver ma vraie gentillesse intérieure −laquelle semblerait, a fortiori, inaccessible aux autres ? …
Le repérage « d’une part d’ombre » en nous demande d’apprendre à accepter nos contradictions (pour pouvoir vivre apaisés).
L’apaisement est une étape importante, car nous ne devenons davantage cohérents qu’au fur et à mesure d’un parcours de vie ; celui-ci est évolutif, et prend du temps.
Nous avons donc besoin de nous aimer tel.le.s que nous sommes, à tous les stades de la vie. Nous avons besoin de lâcher toute haine dans le regard que nous portons (sur nous-mêmes).
NB. Ce qui ne signifie pas dénier, ni se complaire dans le déni de nos choix, de nos actes et de leurs conséquences ; ni confondre amour et narcissisme.
La bienveillance est nécessaire pour ne pas (se) responsabiliser/culpabiliser/accuser à tort ; l’humilité l’est pour ne pas se croire le centre de tous les reflets. Et une quête de lucidité est toujours utile.
Lorsque j’expose cette théorie de l’indic, il arrive que l’on me réponde qu’on n’est pas dérangé par ce qui nous est similaire mais par ce qui nous est opposé. Peut-être, qui sait ? Je partage mon expérience d’avoir réussi à trouver des similitudes entre des parties adverses à un conflit, mais cela ne veut pas dire que tout le monde doive adopter ce point de vue.
Si le point de vue de l’indic ne fait pas sens, s’il semble accuser, ou s’il nous déstabilise contre‑productivement : nous pouvons passer à d’autres points de vue pour avancer autrement.
En aucun cas, il ne s’agirait de justifier un agresseur, en prétendant que la victime l’aurait cherché (ou mérité). Il n’est qu’un outil de réflexion personnelle.
> Des procédures de réparation, et une éducation à la responsabilisation, si elles sont sensées,
> Bien en amont, des adultes ouverts de cœur et d’esprit qui accueillent les enfants en ce monde…
Cela aiderait à bâtir une confiance en la collectivité.
L’indic pourrait-il servir l’oligarchie ? Cette introspection en miroir (en fractale, pour le dire autrement) pourrait-elle servir à dissuader de toute révolte, à encourager à s’observer indéfiniment, au lieu d’agir ?
A court terme, ce regard pourrait déstabiliser des courants contestataires qui n’avaient pas l’habitude de mener une introspection.
A long terme, je crois l’inverse : si nous sommes clairs à l’intérieur de nous-mêmes, nos actes seront davantage sensés. Il y a moins de risque que les gens se divisent, s’ils ont la modestie de se remettre en question, plutôt qu’en décrétant hâtivement que l’autre à tort.
NB. Rien ne garantit que ce que nous trouverons en nous-mêmes, en apprenant à nous connaître, sera spontanément agréable.
Laisser un commentaire