La sacralisation de la notion de peuple vient masquer la difficulté à rechercher une sagesse vivante (transcendant la nécessité de seulement se tolérer entre humains et autres créatures).
Quelle difficulté ?
Notamment :
° que les uns veulent des lois et des policiers partout, et d’autres être libres,
° que les uns veulent des mariages traditionnels imposés à leurs enfants, et que d’autres veulent librement vivre leur identité et vie amoureuse,
° que les uns veulent jouir de la matière -sans vergogne à la détruire-, et les autres préserver la nature et/ou méditer pour se détacher du désir lui-même,
° que les uns veulent imposer l’industrie et la technoscience à tous -jusqu’à injecter des vaccins de force-, et les autres veulent disposer de leur corps et de l’environnement naturels…
La liste des difficultés à concilier les désirs humains opposés semble illimitée.
Qu’apporte la notion de peuple ?
Une réunion : l’idée que sur un territoire donné, une culture dominante serait légitime et pourrait s’imposer de Droit, tout en comportant plus ou moins de démocratie et plus ou moins de traditions inébranlables -donc plus ou moins de tolérance aux opinions contradictoires (l’intolérance se manifestant par la censure, l’emprisonnement légal, l’exclusion…).
Qu’est-ce que le Droit ?
Un ensemble conventionnel, un univers imaginaire intronisé source de légitimité.
La notion Droit, comme les religions prosélytes, reposent sur le même ressort :
L’imaginaire du bien, du légitime à être imposé à tous.
Auparavant, et sans que ça ait disparu, les imaginaires de légitimité évoqués ci-dessus ont conduit au colonialisme : imposer une prétendue supériorité civilisationnelle le plus loin possible, envahir pour ne pas être envahi, imposer une vision au plus grand nombre.
(NB ceci ne résume pas le colonialisme, mais en établit une description partielle en lien avec le sujet de cet article).
Dans le contexte contemporain du marché capitalisto-industriel ravageur, et d’une techno-gouvernance planétaire totalitaire en devenir, les imaginaires de légitimité précédemment évoqués semblent conduire de nombreux rebelles vers un désir :
de nationalisme, de patriotisme, de frexit, de sortie de l’Otan, et de reconstitutionalisation de la France.
Est-ce une conséquence heureuse ?
Autrement dit, a-t-on besoin d’une phase où domine une idéologie territorialiste -une abstraction de nos individualités-, avant de trouver comment désamorcer -ou concilier- nos égos querelleurs, nos imaginaires culturels qui tentent de s’imposer de gré ou de force… ?
Je ne sais pas calculer les effets de cette étape de recentrage local sur un néo passé fantasmé.
Je constate que ça ne rompt pas d’avec la pauvreté culturelle du capitalisme marchand : on reste dans une superficialité philosophique (ici sous le prétexte des indubitables prétendues vertus d’un peuple ; dans le capitalisme sous le prétexte que seul le sensationnel se vend).
Les effets qui m’intéressent le plus sont de savoir si cela conduira à plus de paix, plus de nature préservée, plus de sagesse et conscience vivantes, sur le long terme.
Je reste perplexe quant au fait que ces préoccupations ne sont pas au cœur des désirs prétendument rebelles. En effet : se concentrer sur « nous sommes », ne signifie pas se concentrer sur « comprendre et respecter la vie -en transcendant les vieux dogmes faussement naturels, imaginairement divins, et/ou scientistes ».
Mais je vois (entre autres) :
un avantage : se réunir, défendre notre constitution, plutôt que subir l’imposture de la dictature planétaire en érection.
Et,
deux inconvénients :
1. non seulement ne pas traiter les enjeux psychologiques, spirituels, émotionnels, économiques, de rapport dominé-dominant… mais ne même pas les évoquer, ce qui revient à les banaliser :
à se borner à répéter qu’entre Français.e.s on se comprendra, on en vient à faussement naturaliser tous nos travers culturels déjà présents, tels que :
° les rapports économiques et les propriétés abusives -abus et violences de classes présents bien avant la finance internationale contemporaine,
° la pauvreté spirituelle de la République et sa complicité préférentielles avec certains dogmes religieux,
° le totalitarisme du Droit et des abus politiques rendus possibles avec la propagande et le soutien aveugle de forces armées.
2. la diabolisation de quelques figures du nouvel ordre mondial, facilitant le déni de nos propres failles :
la guillotine exutoire qui masque la recherche véritable de sagesse.
(désir vengeur d’autant plus effrayant que parmi les autoproclamés rebelles, réinformés, réveillés… je rencontre des adorateurs de milliardaires douteux -mais habiles en communication. Je rencontre a contrario des personnes n’ayant pas le sens de la mesure, qui placés dans l’expérience de Milgram, feraient probablement des ravages).
Donc… c’est à la fois un débat passionnant pour moi (nous réunir), à la fois un non lieu (passer à côté de l’essentiel, une fois de plus),
à la fois un enrôlement de plus.
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