Lorsque, enfant, je voyais mon grand-père frapper ma grand-mère, lorsque je passais mes vacances d’été chez eux, la boule au ventre, ne sachant pas quand il allait tenter de me violer, ou de recommencer à me forcer à coup de gifles à lui dire que je l’aime, et que je l’aime plus que ma propre mère, ou quand allait-il me promener en m’obligeant à dire poliment bonjour à tous les gens qu’on croiserait et à avoir l’air heureux… j’avais envie de fuir.
Devenu adulte, certains ami.e.s me l’ont demandé : Barthélémy enfin, pourquoi n’as tu pas fugué ?
Oui… pourquoi ?
Mais la réponse est simple : partir pour aller où ? Demander refuge à l’un de ces voisins qui admiraient mon grand-père, car il symbolisait la réussite sociale étant donné qu’il avait réussi à se payer une maison d’architecte et une Citroën DS ?
Demander de l’aide à une police qui semblait elle aussi user de la loi du plus fort, et ne jamais inquiéter les grands criminels de ce monde ? En parler à l’école -qui semblait de mèche avec ma famille et plus généralement ok avec cette société ? En parler au prêtre qui mettait tout le monde dans le même sac, moi y compris, un sac de vils pêcheur qui devaient se repentir de leurs fautes et bien obéir -finalement pas très différents de mon grand père… ?
Rien de tout cela ne ressemblait à un refuge.
Quant aux services sociaux, je ne savais qu’ils existaient, vu qu’on ne les fréquentait pas. Et quand bien mème je l’aurais su, quand je vois les témoignages de tant d’enfants malmenés y compris après avoir appelé à l’aide… je ne peux pas avoir la certitude que ça aurait été un mieux.
Mon premier refuge a été la montagne, car ma mère, qui semblait ne se rendre compte de rien, a eu la bonne idée de ne me confier à ses parents que la moitié des vacances. L’autre moitié elle payait une habitante de la montagne qui gardait plusieurs enfants comme moi, les amenait randonner (ou skier selon la saison).
Donc si aujourd’hui la nature est importantissime à mes sens, ce n’est pas seulement parce que j’ai rationnellement compris qu’elle sous-tend notre existence même et que continuer de la détruire est absurde.
C’est parce que les troncs d’arbres, les lacs de montagne, les rochers à escalader, les paysages apaisés, l’air vif et sain… tout cela a été mon refuge, mon cadeau merveilleux. Merci merci merci merci.
Aujourd’hui qu’est-ce qui a changé ?
Parfois j’aimerais fuir la France, ses habitants qui élisent ou quasi élisent des dirigeants incarnant le plus chaos et la destruction (sous l’apparence du maintien de l’ordre, et avec la bénédiction des médias mainstream pour le vainqueur du second tour des présidentielles, et le soutien des faux anti médias, pour la demi finaliste des présidentielles), j’ai envie que cessent ces violences intra familiales, ces violences éducatives religieuses ou au contraire nihilistes…
mais la question est la même : fuir pour aller où ?
En outre se rajoute ma conscience d’adulte : je ne pense pas qu’à me protéger, je pense au monde que j’ai envie de voir éclore. Ce monde c’est celui du cœur. Passer des heures à tenter de faire réfléchir un tel peuple aussi fou me semble quasi vain.
Que reste t il à faire ?
Il reste le cœur. Ce centre biologique mais aussi énergétique.
En tant qu’humain mâle, on m’a enseigné de ne pas écouter mon cœur, ni mes sentiments. Non. Non ! Société tu m’as appris comment m’autosaboter, comment m’asservir volontairement. Mais cela est terminé. Ce qui est terminé n’est pas le chemin de réconciliation (avec mon cœur, avec le cœur des autres). Ce qui est terminé chez moi est le doute que peut-être l’instruction dogmatique, ou la sacralisation de n’importe qu’elle famille dysfonctionnelle, ou que les mythes républicains guerriers, ou que la fausse science matérialiste aveugle, pourraient valoir davantage que ce que mon cœur m’invite à aimer, à pardonner, à transcender.
C’est de renoncer à vivre qui est terminé. Renoncer à vraiment vivre, c‘est ce que famille, école, médias, prêtres, philosophes à deux balles, m’avaient enseigné, que j’ai voulu croire, et c’est cette croyance qui est terminée.
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