Les médias fabriquent un narratif (sur la base d’une sélection de faits réels ou imaginaires).
école-collège-lycée fabriquent un narratif (sur la base d’une sélection de faits historiques, scientifiques, ou simplement conventionnels et issus de croyances répandues).
la religion est un narratif (sur la base d’une sélection d’interprétations-traductions d’écrits et traditions orales).
Les familles et foyers parentaux créent un narratif (sur la base d’une sélection souvenirs éducatifs et de volonté propre)
et en amont, notre ego crée un narratif (sur la base d’une sélection de souvenirs interprétés et de décodage de sensations).
C’est un réel soulagement de vivre selon une histoire qui semble cohérente, même si elle ne l’est pas forcément. Par exemple, c’est facile de se sentir citoyen, aimé de Dieu, bon parent, dans un monde dans lequel on a un salaire, un récit cohérent rappelé chaque soir au JT et dans le rôle parental, chaque semaine sur le lieu de culte… mais ça ne présage en rien de la réalité. Qu’elle qu’elle soit, il existe d’autres narratifs autour de la même réalité. Par exemple l’enfant peut se sentir mal aimé, après la mort rien n’exclut qu’on ne monte pas au paradis, et notre citoyenneté a pu se résumer à voter pour des régimes invariablement fous qui ont contribué à ruiner le biotope et maintenir les ultras riches, les ventes d’armes et les guerres.
Autrement dit, le narratif est à plusieurs visages : rassurant-paralysant, stressant-exploiteur, paranoïaque-pathologisant… Peut-il être lucide ?
Un narratif peut-il être lucide comme le prétendent médias, institutions scolaires et orateurs prosélytes, ou est-il nécessairement fiction (comme l’assument auteurs de romans, films, séries…) ?
La question n’est pas anodine, car la réponse conditionne la vie politique et personnelle : elle conditionne l’enrôlement politique, associatif, patriotique, l’obéissance, la soumission, les crimes passionnels, la tolérance, etc.
L’idée développée dans ce blog, pour le moment du moins, est qu’un narratif peut toujours venir en remplacer un autre -tant qu’on n’apprend pas à vivre sans croire :
le mythe démocratique vient remplacer le mythe royaliste, le mythe de l’austérité écologique vient remplacer le mythe du libéralisme fou, … comme un cauchemar sans fin. Cauchemar ? Non, ça aussi c’est un narratif, tout comme le narratif de la propagande consumériste est un faux rêve.
Ni rêve ni cauchemar !
Apprendre à observer sans juger.
Qu’y a t il après cette étape d’observation nécessaire pour cesser de s’enrôler dans tant et plus de mensonges se succédant ?
J’ignore s’il y a une autre étape, j’en suis là : cesser de croire sans déprimer pour autant. Juste cesser l’addiction aux narratifs mensongers accumulés personnellement et collectivement. juste regarder le passé sans me sentir dépendant de lui. Juste savourer un conte sans le prendre au premier degré.
Juste regarder la vie sans cynisme :
des personnes ont peur de quitter leur narratif (de bon parent, citoyen, religieux, militant, spirituel adogmatique…) de peur de devenir des psycho-sociopathes.
Certes on en a des exemples en haut lieu. Mais ça aussi c’est un narratif (simpliste de surcroit).
Autrement dit, ne plus croire aux narratifs, comporte l’épreuve de ne pas tomber dans un narratif nihiliste et destructeur. C’est pourquoi les narratifs ne sont pas que des illusions trompeuses nous conduisant aux guerres et à la ruine du biotope. Ce sont aussi des garde fous.
On ne supprime pas les garde fous avant l’heure.
Mais ne serait-ce pas l’heure ? La réponse « oui » est le narratif New-age : que l’heure est venue de se réveiller. Est-ce un narratif simulant un réveil ou un vrai réveil ?