Lorsqu’on ne fait plus salle comble en racontant qu’il faut aimer son prochain, pour retrouver de l’audience, on raconte qu’une partie d’entre les gens est diabolique (la vieille ruse de création d’un problème, pour se vendre en tant que sauveur dudit problème) ?
En politique de gardiennage de troupeau (politiques inverses de l’émancipation), si on veut rester le tyran aux commandes, on ne peut pas laisser une population envisager qu’elle est soumise à une caste qui ne veut pas son bien, car elle pourrait désirer un changement.
Donc on attise des peurs de nature à diviser les populations (interdiction d’être hors norme, lois anti LGBT, propagation de rumeurs, décrédibilisation médiatique des discours réellement émancipateurs, soutien aux dogmes de peur et de culpabilisation).
De par mon métier où je vais de classes scolaires en classes scolaires (de la 4ème à la première, principalement en Occitanie), je constate que de nombreux jeunes ne font pas le lien entre les meurtres et violences à prétexte discriminatoire qui sévissent en nombre,
et les propos dénigrants qu’ils relaient sans y réfléchir (insultes banales) ou qu’ils relaient par conviction éducative familiale : une éducation basée sur la reproduction des violences sexistes, l’enseignement d’idées violentes misogynes homophobes et fausses, supposées être reliées à Dieu.
Que Dieu existe ou pas, qu’iel soit comme on le croit ou pas, il est sur et certain qu’autour d’un même livre sacré, il existe plusieurs courants religieux avec leurs propres interprétations.
Il n’y a en aucun cas une communauté religieuse unique, violente, qui détiendrait LA vérité.
Depuis plus d’une décennie, en France, il est plus facile d’être librement soi-même ; et cela génère des hostilités réactionnelles compréhensibles :
si des membres de la société ne savent pas qui iels sont (au fond, en vrai),
s’ils croient être leurs rôles genrés,
s’ils croient être le sujet des morales violentes auxquelles leurs parents croient, …
alors ce contexte libérateur peut être vécu comme une perte de repères.
De mon point de vue, c’est une opportunité de se trouver vraiment.
Et si se trouver vraiment consiste, pour une personne, à se révéler être 100 % hétéro, 100 % cisgenre, alors au moins cette identité sera le fruit d’une quête de vérité avec soi-même, et non pas un rôle-prison.
Toute la société peut sortir gagnante d’une évolution culturelle dans laquelle on va vers soi-même en ne croyant pas a priori au diable dans chaque sentiment qui n’est pas conforme à ce que la société a convenu jadis, en des temps troublés de peur et de soumission à l’arbitraire.
Mais tout le monde ne sait pas à tout moment sereinement aller vers ois-même, donc on a besoin de repères
- Comment apporter la nuance culturelle ?
- Comment observer sans calquer ?
- Comment cohabiter en paix avec nos divergences ?
- Comment être rassuré.e même hors des cases ?
- Comment accueillir ?
Quand bien même quelqu’un serait dans l’erreur, rien ne nous donne le droit de faire violence à autrui.
D’où nous aurions le savoir absolu de savoir dire à autrui « toi tu es sain, toi tu l’es pas » ?
De nombreux films de science‑fiction imaginent une machine à réparer le corps (ou une médecine technologiquement parfaite). Est‑ce une invitation au progrès, ou un moyen de promouvoir une conception nihiliste de l’âme dans laquelle nous serions réduits à être un agrégat organisé d’atomes, reconstituable ?
Approuver la violence systémique à laquelle nous assistons/contribuons depuis si longtemps ne fait pas sens ;
mais une révolution menée avec des croyances fausses à propos de la vie en général (de la psyché en particulier), qui tenterait d’améliorer le système économique (et/ou étatique), n’aurait probablement aucune chance de nous satisfaire vraiment -tant que le sens profond de la vie, de l’humain, demeure incompris.