La #propriété * m à j : mai 2024
Nous sommes usufruitiers
- Nous croyons posséder, mais cela a‑t-il réellement un sens ;
quelle est la légitimité des lois régissant la propriété et l’héritage ?
Avoir des affaires, un domicile, hériter de la jouissance d’un modeste domicile, et bénéficier de lieux consacrés à certaines activités, relève d’un droit d’usage −utile pour organiser la communauté humaine.
Mais l’appropriation de choses conditionnant la vie d’autrui est une forme de domination, quasi de prédation.
Par exemple, l’appropriation des semences, de Terre, de Lune et d’espaces sidéraux, du droit d’exercer une activité nourricière, et de tout ce qui va régenter l’économie de subsistance, n’est pas une simple appropriation de quelque chose utile à soi-même et sans conséquences sur autrui (comme le serait un domicile, nos vêtements…).
C’est une main mise sur le monde, au détriment des autres êtres vivants.
La privatisation revient à priver quiconque d’accéder au « commun ».
Cette notion de commun ne signifie pas que ce que l’on désigne ainsi appartienne à l’humanité pour autant. Le concept de commun a trop souvent été pensé au profit de notre seule espèce humaine. Par exemple, l’eau n’appartient pas à l’humain : elle est partie intégrante de toute la vie sur Terre.
NB. Cette réflexion n’est pas une éloge de la collectivisation telle qu’historiquement menée par des dictateurs.
Cette réflexion est une invitation à lâcher nos mensonges à propos de concepts de légitime appropriation de tout : des concepts inventés de toutes pièces.
De nombreuses personnes croient au concept de propriété, et lui prêtent une vertu. Mais ces personnes jouent ainsi le plus souvent contre leur propre camp :
Pendant que beaucoup de gens s’obnubilent à accaparer quelques mètres carrés, brevets, ou privilèges variés, ils oublient que :
° c’est surtout une oligarchie qui s’approprie légalement peu à peu toutes les ressources et tous les morceaux de territoire (notamment au fur et à mesure des faillites individuelles). Autrement dit, accepter ce jeu signifie accepter l’idée qu’un jour quelques propriétaires puissent posséder toute la Terre et que tous les autres soient leurs obligés.
° cette course à la propriété (actuellement une course aux ressources en matières premières) est idéologiquement orientée vers un combat de survie dans un monde hostile, dans lequel les victoires économiques à venir ressemblent à des soulagements. Mais vivre et survivre sont deux notions différentes, parfois opposables. Vivre, c’est être en paix. Survivre c’est se battre incessamment. Que voulons-nous ériger comme atmosphère planétaire : vie ou survie ?
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Tant que certain.e.s possèdent des éléments vitaux (des éléments dont d’autres sont privés) : la paix (a fortiori la démocratie) semble impossible, car sabotée par une iniquité dans la capacité de chacun.e à prospérer.
L’appropriation n’est en aucun cas un concept universel, puisque ce qui est appropriable l’est en quantité limitée. Par exemple, des propriétés terriennes et des usines que la plupart des personnes ne peuvent posséder, puisqu’elles sont déjà attribuées.
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Avant même de songer à privatiser ou à collectiviser, rappelons-nous que nous sommes invités sur Terre (et non ses propriétaires).
- Comment nous organiser pacifiquement autour du besoin d’équité durant notre vie ?
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Dans des documentaires animaliers, la manière dont est décrite l’activité des animaux passe par le filtre de nos attentes culturelles.
Par exemple, prétendre que l’animal défend son territoire est une interprétation plausible de certains faits observés. Mais cela ne saurait naturaliser nos concepts humains de propriété, lesquels sont beaucoup plus complexes et abstraits qu’une simple protection de territoire, de progéniture, et de quelques objets.
Un paradoxe consiste à se sentir les égaux des animaux lorsque c’est pour tenter de justifier la guerre et la propriété, mais à se sentir supérieurs lorsque c’est pour les manger, a fortiori pour les maltraiter, dans des conditions d’élevage abominables.