M à j : août 2024 – 1
Des #allocations pour tous ?
J’ai rencontrés plusieurs militant.e.s en faveur d’un revenu socialisé pour tous (salaire à vie, revenu de base, allocation universelle…)
Leur enthousiasme était grand, ils avaient des quasi preuves que cela pourrait fonctionner.
Mais j’ai aussi entendu des milliardaires parler d’instaurer cela. Qu’auraient-ils à y gagner ?
Est-ce vraiment le même but poursuivi par les militants « de base » et par les milliardaires ?
J’ai donc voulu approfondir le sujet : est-il souhaitable de voire naître un revenu #socialisé pour tous ?
La première préoccupation est de vérifier l’adéquation du but poursuivi avec le moyen envisagé.
Le but n’est pas un revenu socialisé. Le but est que personne ne soit laissé sur le carreau.
Pour ne laisser personne, que faudrait-il ?
Commençons par cela.
Il faudrait que l’on cesse de faire la course à la richesse, car la richesse est comme une créance : quelqu’un qui possède un milliard d’euros en France, possède 650000 mois de SMIC. soit plus de 54 000 années de travail au smic (soit 1350 travailleurs œuvrant 40 années).
Autrement dit, la richesse est une néo-royauté, capable d’asservir des millions de travailleurs démunis en capital ; et cela mine de rien, en toute légalité.
Est-ce qu’un revenu misérable ou même un tantinet confortable, changerait quelque chose à cela ? C’est ce que certains voudraient croire. Et vous ?
Pour manger à notre faim il faudrait que la propriété terrienne soit réorganisée, permettant à chaque commune, ou regroupement de communes, de disposer de champs cultivés sainement. Est-ce que le revenu socialisé améliorerait le système alimentaire centralisé et pollué ? Non.
Première conclusion, le désir d’un tel revenu est est un lot de consolation. Pour le dire plus crument, c’est un renoncement en un monde équitable, organisé avec cœur et intelligence.
D’autres auteurs pensent que c’est une stratégie pour regagner du pouvoir étapes par étapes, en commençant par nourrir tout le monde.
Je n’y crois pas un instant, notamment après avoir tenté de co construire une mini société alternative en France parmi des gens disposant d’aides sociales, et en Catalunya, parmi des gens ne disposant pas d’aide sociale.
Seule la seconde expérience a décollé. Je n’en cite pas le nom parce que ce serait un thème vaste à lui tout seul, parce que je ne suis qu’un acteur secondaire de ces deux projets, et parce que la concrétisation du projet espagnol est controversée (le projet français est mort né). Mais pour moi, cette expérience est révélatrice des effets anesthésiants des allocations.
Je propose un petit retour en arrière : évaluons l’impact d’un dispositif social déjà existant :
la branche santé de la sécurité sociale (surnommée « la sécu ») notamment la CPAM.
Elle est supposée aider à financer la santé publique.
Dans l’esprit de beaucoup de gens : « santé = sécu ».
Et lorsque des gens manifestent pour défendre « la sécu », c’est parce qu’ils pensent défendre ainsi la santé.
Mais la santé est définissable subjectivement par chacun.e, tandis que « la sécu » est un dispositif qui appartient à quelques décideurs.
Parfois, le meilleur choix de santé consiste à ne pas passer par un circuit conventionné : se payer intégralement sa thérapie.
En disant « parfois », je suis loin du compte me concernant : hormis un besoin en chirurgie suite à un accident (merci l’hôpital public !),
la quasi totalité des soins de qualité dont j’ai bénéficié (soin du corps, ou thérapie de la psyché) n’étaient pas remboursés par la sécurité sociale.
Si beaucoup de gens confondent santé et « sécu », ils pourraient confondre « le droit de vivre dignement » avec le revenu socialisé.
(Comme on pourrait confondre la France et l’ensemble des français, ou un film et la vie).
- Pourquoi désirer recevoir une compensation financière plutôt que désirer récupérer le droit de subvenir à nos besoins avec une plus grande autonomie ?
NB. L’autonomie inclut une interdépendance consciente et approuvée ; l’autonomie n’est pas l’autarcie.
- Pourquoi garder toutes les lois fiscales, sanitaires, corporatistes, et du droit du travail,
qui n’empêchent pas les énormes entités économiques de prospérer,
mais qui rendent impossible** l’accès à un emploi sain et autonome pour la plupart des personnes ?
**de par la complexité administrative abusive, certaines taxes, les normes établies pour la gabegie mais pas pour les petits producteurs, l’absence de discernement des activités réellement saines (à soutenir localement, politiquement, et par la société civile), l’absence de lucidité quant aux activités ou imports polluants (qui détruisent à la fois la planète et les économies locales), par le système bancaire de prêt à bas taux aux riches et de forts taux aux plus démunis…
Je souhaite mettre en lumière les risques de ce prétendu « cadeau », qui pourrait, en réalité, renforcer une #dépendance massive de la population.
Une dépendance à une technocratie industrielle inéquitable et indésirable.
Une autre manière de le dire est de poser la question suivante :
- voulons-nous dépendre toujours plus d’un organisme susceptible d’imposer unilatéralement sa volonté ?
Cette réflexion concerne donc différents projets impliquant ce genre de risque.
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On pourrait se demander :
- La liberté de ne travailler que par choix, grâce à un revenu socialisé, pourrait-elle servir tout le monde, ou seulement une poignée de citoyens conformistes dont les papiers et le crédit social seront en règle ?
- Si un parent néglige son enfant 364 jours par an, mais lui offre un beau jouet pour Noël, diriez vous que c’est un « bon » éducateur ?
- Ensuite, que diriez-vous d’un État qui légalise l’iniquité et les violences environnementales, mais qui distribue un subside douze fois par an ?
Dans sa gestion du COVID, l’État français a suspendu, sans indemnités, divers professionnels de santé qui utilisaient leur droit à disposer de leur corps (refusant de se faire injecter un produit expérimental).
Si nous étions tous assujettis à un subside d’État, et que l’État nous imposait à nouveau une injection dont nous ne voudrions pas, serions-nous tous menacé.e.s de misère, si nous étions tou.te.s devenu.e.s allocataires ?
Des solutions systémiques ou des dystopies ?
Toutes les utopies proposant une instance dirigeante comme sauveur (l’État ou autre) n’ont de sens que si l’instance dirigeante ne peut jamais s’opposer à l’intérêt légitime des populations, de la Terre, …
Une utopie n’est pas véritablement porteuse d’espoir tant qu’elle peut tomber (si tenté qu’elle n’y ait pas toujours été depuis des siècles et des siècles) aux mains de n’importe quelle idéologie folle et/ou abusive.
Actuellement, sur le territoire où je me trouve, il semble que l’on s’enlise dans une technocratie matérialiste qui taxe les moins riches au profit des plus riches, sur fond de théocratie scientiste, et grâce à une répression disposant de toutes les technologies.
Bien évidemment, ce constat n’est pas une fin en soi, ni même un motif à affronter qui se ce soit en escadron suicide, ni à déstabiliser l’équilibre sociétal qui permet à des millions de personnes de vivre.
C’est juste une réflexion pour envisager de décrocher de la propagande quotidienne, celle tentant de nous faire croire que les dirigeants nous dirigent au mieux, envisager de réapprendre à être sensés, et nous demander :
- Comment améliorer la société pour qu’on ait moins besoin d’allocations compensatrices ?
Que voulons-nous vraiment vivre ensemble ?
Voulons-nous faire société ?
NB.1.
Les projets d’allocations universelle peuvent répondre à des attentes légitimes de la part de nombreuses personnes.
Via ce chapitre, j’espère seulement aider à s’orienter vers des utopies qui n’embarquent pas une dystopie en leur sein.
Je remercie les créateurs de ces utopies, qui tentent d’apporter une réponse au besoin universel d’accès à un toit, une nourriture saine, des activités justes… une vie sociale correcte possible pour tous,
j’aimerais beaucoup que l’on réalise cela ensemble, sans passer par un enfermement à encore plus de dépendance et de soumission.
Je souhaite en particulier exprimer mon admiration pour le projet de salaire à vie, qui bien que ne m’ayant pas convaincu au regard de tout ce que j’expose ici, a au moins le mérite de poser de vraies questions et de proposer une réforme profonde et réfléchie (le projet de salaire à vie est bien davantage intéressant que ne le sont divers projets de revenu superposé au capitalisme sauvage).
NB.2. Les aides ciblées en faveur des personnes en situation difficile sont un progrès social que je trouve essentiel de maintenir, augmenter, et rendre davantage progressif (jusqu’à temps qu’il existe une fraternité massive et saine qui puisse nous dispenser de la fraternité froide administrative).
Autrement dit, je ne souhaite pas m’opposer aux aspect sociaux de l’État ; je souhaite éviter qu’ils soient notre seul outil.
D’où provient le trésor public ?
Il provient de la saisie (de gré ou de force) de certains bénéfices (notamment ceux de « la classe moyenne »).
Mais pour parler de redistribution (du principe de l’État social), encore faudrait-il regarder de plus près quel est ce bien public et comment il est acquis, car nous ne voudrions évidemment pas redistribuer un argent « sale », n’est-ce pas ?
Revenons à un constat de base :
On ne peut offrir que ce que l’on a.
Autrement dit, l’Etat ne peut redistribuer les biens d’autrui, seulement si autrui a des biens à saisir.
De même, on peut partager l’énergie d’un sourire seulement si on sait sourire.
Je veux en venir au fait que l’on peut partager le fruit de notre travail*… qu’à condition de travailler de manière à dégager un bénéfice (le fruit) !
Quels emplois dégagent un fruit ? Certainement pas les métiers de caisse, comptabilité, conseils en évasion fiscale, création de complexités administratives diverses, journalisme de propagande, etc. Ces métiers sont financés par des excédents productifs générés ailleurs. Ces métiers sont plutôt tristement occupationnels (occuper le cerveau humain à autre chose que la paix, notamment au maintien de la richesse des plus riches).
D’où viennent les grands bénéfices ? Du tourisme, de l’alimentaire productif et distributif, des ventes d’armes (de la mort d’autrui), des grands chantiers industriels (pollution), et surtout de l’exploitation d’autrui, du néo esclavagisme : les vêtements et objets divers fabriqués par des personnes sur-exploitées, parfois des prisonniers politiques dans certains pays, et le tout avec le pillage des sols et sous sols en matières premières… En France, nous achetons ces produits et surconsommons plus qu’on ne sait travailler.
Si on se contente de piller le monde par notre consumérisme, la seule chose que l’on peut réussir à partager est… notre dette écologique et guerrière.
Le jour où ce pays produira ce qu’il consomme, et sans gréver l’avenir des générations futures au niveau écologique, ce jour là, si on veut mettre en place un système de solidarité, il sera probablement sain.
En attendant, tout ce que l’on mettra en place sera pour un club de privilégiés locaux qui abusent du reste de la planète.
Et cela est déjà le cas même sans revenu socialisé pour tous.
Le revenu socialisé ne créerait pas ce problème, mais il mentirait quant à la possibilité qu’il s’étende aux habitants des pays exploités, il mentirait quant à son éthique, et il nous rendrait encore plus inutiles, donc encore plus vulnérables en tant que population.
*il y aurait aussi un débat à mener sur la reconnaissance des tâches domestiques et de l’éducation et des soins bénévoles à domicile, et sur comment faire société plus sainement (qu’en s’enrôlant dans le productivisme), sur la décroissance joyeuse….
Les valeurs humanistes et les acquis sociaux protègent beaucoup de gens. Ces droits sont le fruit de luttes menées par des personnes engagées avec altruisme.
C’est admirable, et pourtant problématique :
Ces acquis sont générés par quelques personnes au service de toutes les autres.
La formalisation républicaine traduit cela en droits sociaux.
Mais ultérieurement, ceux qui bénéficient de ces droits n’ont pas mené ce combat, et ne développent pas nécessairement une mentalité solidaire.
On passe du « je me bats pour tou.te.s » au « je veux mon dû ».
« L’énergie » passe de un pour tous à tous pour un (sans réciprocité).
- Comment créer une société accueillante pour tous, sans créer une machine à détruire le sens coopératif ?
Il semblerait qu’aider ne consiste pas à porter les fardeaux d’autrui, et encore moins à tout institutionnaliser.
Cependant, on peut cesser de rajouter des fardeaux illégitimes sur les épaules d’autrui.
Il me semble essentiel de remercier toutes les personnes qui ont obtenu des droits pour tous, mais je ne pense pas que ce soit une voie d’avenir, tant qu’on n’a pas conscience de l’équilibre et de l’harmonie donner / recevoir.
Mais pas seulement :
Réclamer des améliorations d’un système qui ne fait pas envie (guerrier, industrialo capitaliste), soit nous coûte beaucoup d’énergie militante pour quand même rester au sein d’un cadre déplaisant ;
soit nous endort (si la cage est dorée, on y reste. Par exemple si on est bien payé pour produire de la malbouffe, on s’accommode de notre emploi).
Si on applaudit un milliardaire faisant une action de charité, ou un beau speech sur la conquête spatiale : alors on est à des années lumières d’enclencher l’amorce du moindre espoir d’amélioration sociétale ; au contraire, on entérine l’idée que les puissants sont légitimes à faire la pluie et le beau temps.
Osons rêver, avec justesse, sans précipitation, sans dogmatisme, mais sans la naïveté du soumis.
Revenons à ces droits sociaux acquis (qui nous protègent de l’extrême dureté des tyrans), et à ces droits humains qui nous protègent des haineux de la diversité naturelle des mœurs ou des couleurs de peau).
Merci à vous, qui à défaut de pouvoir tout changer, avez obtenu des droits dans ce système. Merci à nous (je me suis aussi battu pour des droits sociaux), car c’était utile.
La meilleure preuve de cela est que les gouvernements à la solde des plus riches (comme en France en 2023, pour ne citer qu’un exemple) agissent pour détruire ces acquis sociaux.
Mais aller plus loin ne me semble pas consister à rajouter une loi sociale, mais plutôt en une révolution de l’esprit créatif.
- Saurons-nous organiser une société du nous (nous avec des expressions de vie différentes, mais tous adelphes et interdépendants du biotope) ?
Probablement si nous le désirons vraiment.
Et pour le désirer, probablement faut-il goûter
d’une part à la rudesse du chacun pour soi,
et d’autre part à la paix intérieure (ne plus réagir à la politique sans saines énergies & stratégies).
En conclusion, pour réellement en finir avec notre complicité avec ce système violent, il est déplacé d’implorer un des gardiens de ce système de nous verser un dividende (nous habitant.e.s de pays riches).
Il semble courageux de changer d’attitude : consommer et travailler avec une probité absolue, assumer nos responsabilités (comme Gandhi, qui tissait sa laine sur un rouet), cesser de vivre en asphyxiant la biosphère, et nous entraider,
et oser rêver, sans confondre utopie accessible immédiatement, et utopie potentiellement accessible (autrement dit une simple direction à emprunter).
#washing #RSA #salaire-à-vie #revenu-de-base #gauche #justice-sociale #prison-dorée
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