Précision orthographique : « La justice » est un thème philosophique ou dogmatique ; « la Justice » (avec une majuscule) est une institution.
#Justice punitive / #pénale
Le mot « condamner » est de la même famille que damner, c’est‑à‑dire envoyer l’autre en enfer, un lieu dont on n’est pas supposé revenir. C’est un vœu que l’autre ne puisse jamais* jouir : c’est symboliquement l’éliminer, l’anéantir. #prison
Un tel vœu envers les auteur.e.s de violences, ne règle aucun problème de fond : si des milliers de gens commettent des crimes, c’est probablement que quelque chose les y a incités, quelque chose à régler dans notre société en amont, quelque chose que l’on ne solutionne pas en « éliminant » le symptôme.
* Les actes commis sont rarement permanents. Je trouve profondément incohérent le recours à certaines sanctions dont les conséquences sont (quasi) définitives.
On sait que les enfants ont besoin de commettre des erreurs pour apprendre. Mais donc, comment peut‑on continuer à condamner, lorsque l’on se rend compte que l’on vit dans une société fondamentalement immature −quel que soit l’âge de ses participant.e.s ?
Tant que l’on est persuadé.e « qu’il faut faire payer » ceux et celles qui nous ont fait du tort, on peut s’attendre encore à de nombreux conflits, car, curieusement, on pense à condamner quelqu’un.e d’autre que soi : un fauteur de troubles, mais pas soi*. Et ainsi font les autres. (* hormis par un sentiment de culpabilité).
A lire aussi, le chapitre « miroir », sous partie Justice.
- Pourrions-nous éduquer largement à une communication de qualité (car beaucoup de violences surviennent quand la communication n’a pas été possible, se transformant en frustration puis en violence). ?
- Question miroir : Est-ce que je vis dans le passé moi aussi (comme les reproches, qui se basent sur des faits passés) ?
Distinguer terreur et respect
Le respect ne se force pas. Il survient lorsque l’ambiance générale est à la confiance, et à l’appréciation mutuelle.
La peur de la punition n’éveille pas au sens des responsabilités : elle force à revêtir un masque de respect. Elle peut dissuader d’un comportement prohibé. Mais elle est incapable de créer une société sincèrement respectueuse.
RÉPRESSION : LA STRATÉGIE DE L’ÉTAT POUR PRODUIRE TOUJOURS PLUS DE DÉLINQUANCE
BLAST, Le souffle de l’info 1,39 M d’abonnés
<__slot-el> 329 724 vues 7 mars 2025 #Délinquance#Prison#Répression Soutenez Blast, nouveau média indépendant : https://www.blast-info.fr/soutenir Philosophe, sociologue, théoricien, Geoffroy de Lagasnerie est un d’abord un empêcheur de penser en rond. Son dernier ouvrage « Par delà le principe de répression » sous titré « dix leçons sur l’abolitionnisme pénal » en est une preuve flagrante qui sert de prétexte à un entretien au long cours avec Denis Robert. Comment vivre, penser, créer dans une société de plus en plus répressive ? Qu’est-ce que juger ? Pourquoi nos sociétés sont elles de plus en plus violentes ? L’auteur a son idée : c’est parce que nous sommes trop répressifs et punitifs, il faut être abolitionniste. Dès le début de l’entretien, DR annonce la couleur: « Si on laisse au vestiaire nos certitudes et si on vous écoute, on peut se retrouver en bout de parcours complètement chamboulé. Incapable de retrouver nos certitudes laissées au vestiaire. En ce sens vous êtes un peu magicien. Mais en y réfléchissant et en cherchant à mettre en pratique vos idées, on se dit que rien ne va marcher, que Retailleau est bien en place et qu’à l’époque de Trump, plus personne n’en a rien à faire de Gandhi… » A coup d’exemples très concrets, d’études savantes et d’une histoire de la sociologie appliquée à la prison, patiemment et avec pédagogie, Geoffroy de Lagasnerie remonte la pente de nos incertitudes et finit par nous convaincre. Le texte en ouverture de son livre annonce la couleur: « Tout interroger, tout bousculer, tout refonder, et produire, à partir de là, quelque chose comme une désorientation générale de nos sens, une transformation des affects que nous sommes souvent conduits à éprouver lorsque nous sommes victimes ou témoins d’une agression, d’une scène de violence ou d’une injustice : tel serait le projet que j’aimerais accomplir ici. Comme une entreprise de destruction de nos repères culturels et de construction d’une nouvelle morale, qui se situerait au-delà du principe de répression – qui serait débarrassée, enfin, de l’emprise que les notions de crime, de responsabilité, de plainte et de punition exercent sur notre appréhension des actions humaines et de leur régulation. En un sens, je conçois ce livre comme une sorte d’expérimentation radicale, qui testerait la capacité de la réflexion d’être plus forte que les impulsions premières et les impensés sociaux. Sommes-nous capables d’être affectés par un raisonnement au point de remanier complètement nos manières de percevoir et donc aussi de nous comporter individuellement et politiquement ? Et si non, à quoi sert la philosophie ? »
