m à j : mai 2024
#triangle
L’héroïne, le #persécuteur
Le #héros nous sauve. Sauf que le plus souvent, nous avons besoin d’apprendre à nous sauver nous-mêmes ; et encore je nuance : nous avons besoin de comprendre, de ressentir et d’aimer notre expérience de vie, pour que de par l’évolution de notre accès à la conscience, nous posions un tout autre regard sur la situation, et donc apportions une réponse juste, personnelle, compatible avec la vie, à la situation.
A nous de co-créer des mondes fraternels et pacifiés, si tel est notre souhait*. Nul besoin d’un label de héros pour agir.
(*Toutefois, avant de souhaiter quelque chose pour tous, cf. le chapitre sur les utopies).
Des héros nous ont libéré, au sein d’un scénario écrit par je ne sais qui. Par exemple, j’ignore (en creusant sous l’histoire de façade) qui a réellement construit la deuxième guerre mondiale, mais j’ai bien constaté que les héros qu’on nous a présenté, nous ont apporté leur culture (par exemple l’agriculture intensive).
Difficile de généraliser et de conclure : un héros libère-t-il, ou enferme-t-il dans son nouveau règne ?
L’Histoire a montré, à coup de millions de mort.e.s, que l’adoration de héros peut mener à des dictatures violentes.
Étant donné que l’extrême capitalisme enrichit quelques personnes mais en ruine progressivement des millions, nous traversons une insatisfaction massive, pouvant déboucher sur des instabilités. Ces instabilités peuvent déboucher sur une dictature (si la #colère se déverse là où les manipulateurs de l’information auront réussi à faire croire à un.e sauveur.euse).
Croyez vous que les gens qui ont élu le dictateur en Allemagne au siècle dernier étaient plus bêtes que les gens d’aujourd’hui ? Probablement pas.
Le mythe du sauveur est un fléau dont la leçon n’est pas encore comprise par tous, hélas.
Le mythe du héros exalte l’envie de liberté d’un peuple, mais ne rapproche personne de sa propre liberté.
- Lorsque l’on croit que la paix se gagne par la guerre (ou l’éveil spirituel par la guerre intérieure), qu’obtient-on ? La paix, un trophée inutile, et/ou quoi d’autre ?
L’injonction à l’invulnérabilité (valorisant les héros de guerre et les combattants) tend à cliver nos réactions.
Elle tend à nous inciter :
° soit à taire nos souffrance réelles, par honte de ne pas être gagnant ni un combattant insensible (virilisme toxique).
° soit à se réclamer victime, pour se venger (ou être indemnisé, à l’issue d’un combat juridique), et pour s’excuser de ne pas avoir été un.e gagnant.e (« C’est la faute au préjudice »). Mais nous pouvons des à présent relâcher l’injonction au paraître, et découvrir notre être.
Les persécuteurs (ou #bourreaux)
Notre société appelle de tous ses vœux les persécuteurs, bien qu’officiellement elle les méprise, renie, exclue, condamne… C’est un vœu souvent inconscient : le vœu qu’intervienne un héros −tout comme dans un film, il y a besoin de « méchants » pour créer le scénario dualiste.
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Il y a beaucoup d’amour et diverses situations humaines plaisantes ; mais elles ne sont pas celles qui déclenchent les postures héroïques.
Sauveteur ou #sauveur ?
La sauveteuse, le sauveteur, le.la #secouriste, ont un rôle aidant sensé : venir en aide à une personne qui ne peut (provisoirement) pas se secourir elle-même.
Par exemple : secourir les accidenté.e.s. L’aide prodiguée par le sauveteur est ponctuelle : elle répond à un besoin clair, et exprimé si possible.
Au contraire, l’enrôlement en tant que sauveur revient à ignorer les capacités de la victime à se relever, puis à l’aider au delà du besoin réel, de manière inadaptée, ou sans prendre en compte ses propres ressources. C’est se croire un.e sauveteur, sans agir comme tel.le.
Le rôle de sauveur (ainsi que celui de persécuteur) pourrait être le corollaire d’un manque de limites personnelles et d’estime de soi :
> se faire volontiers abuser (non reconnaissance de nos limites)
> vouloir régenter le monde (déni du périmètre d’autrui),
> se redorer avec une illusion d’héroïsme.
(exemple des parents sauveurs face à l’institution scolaire).
Si nous sommes souvent témoin de situations impliquant victime et sauveur, nous pourrions nous demander :
° y a‑t-il quelque chose ou quelqu’un dont nous aimerions secrètement être sauvé.e ?
° y a‑t-il quelqu’un, ou une partie de nous-mêmes, que nous aurions jadis laissé.e blessé.e, sans lui porter secours ?
° nous attachons-nous à des films, livres, actualités, amis, qui nous donnent leurs réponses (dépendance), ou cherchons-nous nos propres réponses (autonomie) tout en coopérant facilement ?
Aider est l’une des plus belles aptitudes d’un être vivant, mais aider nécessite une véritable compréhension du besoin et des limites (d’autrui, de nous).
Le #rôle de sauveur existe à grande échelle. Par exemple certaines aides internationales apportées sous forme de nourriture plutôt qu’en aides au développement de multiples petits acteurs économiques locaux.
Gardien de troupeau, et faux héros
Un gardien de troupeau (ou un chasseur) est motivé par l’obtention d’une rétribution (nourriture, force de travail, salaire, plaisir de mener cette activité…), et/ou par l’obtention d’un trophée.
Chasseur et gardien de troupeaux peuvent adopter les codes du sauveteur, mais ils n’en sont pas.
Cela vaut le coup de les repérer, quelque soit la technique de « sauvetage » utilisée par eux :
offrir une « sécurité » ;
distribuer une allocation ;
paraître ami avec les leaders locaux (mais les avoir menacé, en réalité).
Rappelons-nous que le chasseur excelle à se dissimuler pour attaquer par surprise, et que le gardien excelle à procéder au sauvetage de quelqu’un en péril pour ensuite le transformer en proie (par exemple le rendre client à vie, contribuable à vie, vaccinable à vie…).
(Contribuable à vie n’est pas nécessairement perçu comme un problème, si la contribution est juste, à une société juste).
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On trouve aussi les « loups déguisés en agneaux » qui se font élire par la ruse (exemple des faux candidats pour l’équité et la paix, qui ne sont qu’à la botte de l’oligarchie économique, et qui se font élire pour canaliser (avant de décevoir) les espoirs de changement −changement qu’il est donc sage de ne pas attendre d’un sauveur).
Dans certaines situations, le sauveur peut même être l’auteur.e des problèmes : il détruit pour ensuite aider, et obtenir de la reconnaissance.
Par exemple, les vendeurs de solutions onéreuses (forces armées, certains médicaments ou installations agricoles…) qui créent ou amplifient un problème par la voix des grands médias.
Plus subtilement, certains n’agissent pas là où il faudrait, puis mènent quelques actions démagogiques. Par exemple, ces élus qui laissent la finance (ou toute autre entité dominatrice) prendre le pouvoir, puis créent une allocation compensatrice de la pauvreté.
L’allocation leur confère une image altruiste, tandis que leur véritable (in)action sur le plan économique passe inaperçue.
L’enragé, le désespéré, l’agissant…
La posture #désespérée
Elle peut survenir d’une longue envie contrariée de contrecarrer forces oppressives ayant bien caché et protégé leur talon d’Achille : lorsqu’aucune solution ne semble à notre portée.
Pour citer un exemple d’une action menée sans succès, je me souviens, quand je militais dans l’association « Les amis de la Terre Midi Pyrénées », avant l’explosion AZF, comment (le plus souvent) les Toulousains nous ignoraient (voire riaient au nez) quand on essayait d’attirer leur attention sur les dangers du complexe industriel jouxtant la ville.
Et pourtant nous disions vrai ; le jour de l’explosion, nous sommes passés à deux doigts d’une éradication complète des habitants de la ville de Toulouse et des alentours (si le phosgène s’était libéré).
L’épreuve semble être « comment agir pour protéger la vie, face à des puissants » et « comment réagir sainement vis à vis de l’endoctrinement, et du je m’en foutisme quotidiens ? » ou encore « comment ne pas tomber dans la stérile haine de l’adversaire ou le découragement face à des congénères inconsistants ? »
L’épreuve semble nous inviter à imaginer des stratégies qui ne reposent pas sur les rapports de force.
Tant que l’on veut (consciemment ou pas) être un héros populaire, un sauveur, c’est un défi qui semble impossible.
C’est d’autant plus un affront que dans notre culture, dans les films, les romans, et certaines interprétations historiques, il est fréquent que le héros soit esseulé, ou avec une équipe réduite, un temps limité, pour tout de même connaître la gloire et la reconnaissance à la fin.
Une gloire à laquelle on s’est un jour ou l’autre identifié à la fin d’une histoire.
Et dans les rares scénario sans gloire à la fin, il y a tout de même l’évidente certitude d’avoir fait le bien.
Sauf que dans la vie c’est moins simple que dans un conte où il suffit de remplacer un mauvais roi par un bon :
ici dans le monde, nous avons besoin de trouver d’autres systèmes de gouvernance qu’une oligarchie et d’autres moyens d’évoluer que le rapport de force.
La déception semble donc provenir, en partie au moins, des mensonges culturels auxquels on s’est habitués.
Sans l’ancrage et la lucidité adéquates, on peut facilement sombrer dans une posture désespéré d’être un héros inefficace (organisant un Nieme ciné débat, ou une Nième manifestation de rue, ne rameutant que les personnes déjà convaincues) et sans jamais récolter de gloire rédemptrice de la basse estime de soi-même.
Et/ou on peut tomber dans une posture d’enragé.e.
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- Ce rêve de posture du héros masque une autre réalité. Laquelle ?
- Qu’est-ce que notre orgueil de héros tente de dissimuler sous la gloire et sous l’interminable quête ?
La posture enragé.e
Elle consiste à ne plus savoir retrouver notre vital calme intérieur (ou à arborer un faux calme tout en « bouillant » à l’intérieur).
En reprenant les exemples suscités :
~Facilité de #haïr la masse populaire qui soit ne s’intéresse qu’à son confort immédiat, et/ou ingurgite la propagande quotidienne, en tout illogisme, puisque d’une part elle se méfie des politiciens mais ne se méfie pas des médias qui diffusent la même idéologie que ces politicien.ne.s.
~Facilité de haïr n’importe quel protagoniste d’une guerre (selon quelle culture dominante nous a abreuvé et à laquelle nous avons donné notre affection).
~Facilité de tomber malade (désespoir + sentiment d’impuissance + haine = excellent breuvage immunodéprimant)…
~Facilité pour certaines personnes de commettre des atrocités soit disant pour le bien…
Quels actes poser ?
Cf. le chapitre à propos de la prière, qui interroge l’intention présidant nos actes.
Je n’ai pas encore trouvé d’action juste que je pourrais mener face aux guerres planétaires (une action à ma portée qui ne créerait pas davantage de troubles que les troubles qu’elle tentait d’éviter).
Mon action (si on peut parler d’action ?) consiste en ce blog, au travail de raffinement progressif de ma compréhension des enjeux, en un cheminement vers la justesse et l’harmonisation des contraires de mon existence.
Aucune fierté ni honte à cela : c’est un simple constat.
Mais sur d’autres sujets, et sans quête de gloire, bien des humains agissent plus concrètement, et nous en sommes probablement nous capables, à des niveaux divers.
Par exemple lorsqu’un équipage recueille les survivants sur un radeau perdu en mer, c’est une action concrète extraordinaire.
A un niveau plus répandu : simplement lorsque l’on met gentiment une araignée dehors plutôt que de l’écraser avec haine, c’est déjà un mini pas de paix.
Ces actes ont particulièrement de sens lorsque c’est sans s’en vanter, ni par calcul de points de Karma ou d’entrée au paradis, mais par simple connexion avec notre sensibilité profonde.
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